Slike strani
PDF
ePub
[subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][merged small][graphic]

La variété est donc notable quant au nombre et aux moments des sacrifices. J'en donne ici, en façon de tableau, une petite statistique. Elle montre, me semble-t-il, la précision que pourraient revêtir les descriptions, si l'on faisait des enquêtes complètes, en forme de recensements; ce que je ne pouvais réaliser (1). La règle y apparaît très nettement, de faire deux sacrifices: l'un quand on place la première pierre; l'autre à la pose du toit, à la fixation de la porte, ou à l'achèvement de la maison.

Le lieu des sacrifices va de soi. Ils sont faits sur la place même où se poursuit la construction. Mais on peut parfois préciser. A Akerroui, l'immolation doit être consommée sur la première pierre. A Ait Atelli, elle a lieu au dedans du tracé des fondations. A Agouni Gourane, l'unique sacrifice s'accomplit à l'endroit où doit être le seuil. Le sens de tout cela n'est pas douteux le sol de la maison est par là consacré, en même

:

(1) Je n'ai pu opérer que sur vingt cas, pour lesquels mon information était précise. Pour environ trente autre cas, les observations manquaient de sûreté. Cet essai statistique vaut donc seulement comme indication de méthode.

Le tableau ne manifeste pas une répartition géographique par tribus. L'on voit, dans la méme colonne des villages fort éloignés les uns des autres : ainsi Taddert el Djedid, Ighil Bouamar, Ouaghzen et Tiroual, qui sont de quatre douars différents. Inversement, des villages d'un même douar pratiquent des usages différents : ainsi Agouni Gourane et Agouni Oufourou, tous deux appartenant au douar Kouriet. L'on pourrait faire aussi un tableau par villages. Il ferait paraitre, pour vingt localités, dix types de répartition, selon le nombre et le moment des sacrifices. L'on donne un seul exemple de chacun, en désignant pår 1, 2, 3. 4 les sacrifices successifs, et en mettant au bas les nombres totaux d'oblations.

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors]

temps, on va le voir, que le sang coulera sur la construction

même.

La procédure enfin des sacrifices n'est point sans quelque variété. L'auteur en est, presque toujours, le propriétaire lui-même (1); à son défaut, quelqu'un de sa famille. Le marabout n'en est que spectateur. Le droit de sacrifier est attribut du groupe domestique. La victime du sacrifice change, par contre, beaucoup. La règle est qu'on tue un mouton. A Tazerout Mechtras, ce sont donc trois moutons qui servent aux trois oblations. Mais on peut offrir un chevreau, une chèvre, ou un bouc. D'autres fois, comme à Elma Besri, la première victime est un mouton, et la seconde un coq, ou un poulet. Quand le deuxième sacrifice est pour la pose de la porte, on immole plus volontiers une volaille. Il semble d'ailleurs que les pauvres se bornent à tuer deux coqs. Une fois seulement, pour le deuxième sacrifice, on mentionne, à Tiroual, l'immolation d'un jeune bœuf. Rien ne paraît absolument réglé quant aux victimes. L'usage laisse grande latitude. Et les actions du sacrifice sont aussi diverses. A Tassaft Ouguemoun, la victime doit faire sept fois le tour du tracé des murs. C'est le seul cas de rite circumambulatoire. A Bou Ighzer, au moment d'immoler, le sacrificateur se tourne vers La Mecque, et il prie Dieu de bénir le logis. La prière complète et confirme l'offrande. Et l'on va voir que l'oblation s'achève par l'onction, et la manducation.

V. Lorsque la mise à mort est consommée, on fait tout aussitôt l'onction des matériaux avec le sang. On le répand dans les fossés des fondations, ou bien sur la première pierre. Pour le deuxième sacrifice, on fait couler le sang sur la porte, ou le mur. Cela est un usage constant, et qui ne souffre point déro

(1) La même règle est observée à Ghardaia, où l'on fait pareillement deux sacrifices successifs.

gation (1). Car, dans tout le Maghreb, le sang a pouvoir de bénir. La sacralisation se fait donc par contact, et comme par imprégnation. Elle est la conclusion et l'utilisation du sacrifice.

VI. Celui-ci a cependant une autre fin. S'il bénit la maison, il bénit aussi les assistants, par l'effet du repas commun, qui comporte manducation de l'animal sacrifié. Souvent, mais non toujours, le repas collectif suit sans délai l'immolation. Il a lieu, tout au moins, le même soir. L'on fait donc un ou deux repas, selon qu'on fait un ou deux sacrifices. Mais ce n'est pourtant pas règle absolue. Le nombre des repas, et leur moment, n'est pas toujours celui des oblations.

Il se peut, semble-t-il, qu'un seul repas ait lieu, alors que deux immolations sont accomplies. A Takerboust, si l'on en croit l'informateur, un seul repas serait donné dans la maison, après la confection du toit; tandis que deux sacrifices sont faits. Mais il se peut que cette observation soit imparfaite. Et il se peut aussi que tout cela soit mal fixé. A Ait Larbaa, et à Ait bou Abderrahman, l'on dit aussi qu'il n'y a qu'un repas, après l'achèvement de la maison; et c'est comme un banquet inaugural.

Le plus souvent, l'on donne deux repas, qui font suite aux deux oblations. Et parfois l'on en offre un autre par avance, lors du transport des matériaux par les amis et les voisins. La touiza implique un banquet. Le sacrifice, en tous les cas, l'exige. A Tazerout Mechtras, trois sacrifices sont suivis de trois repas. L'on y consomme, et l'on y distribue, la viande de la bête consacrée. On en confectionne un couscouss, qui est l'essentiel du festin. Et, s'il le faut, on y ajoute de la viande apportée du marché.

(1) Chez les Égyptiens et chez les Bédouins, l'onction est aussi de règle: Mélusine, IV, 1888-89, col. 444-445; Jaussen, Coutumes des Arabes au pays de Moab, in-8°, 1908, p. 344, 354; Jaussen-Savignac, Coutumes des Fuqarâ, in-4o, 1914-1920, p. 46, 69.

Les participants au repas sont nombreux. C'est, pour le maître de maison, une très grande dépense, qui fait partie de ses obligations à l'égard des parents et voisins. Forme du <«<luxe de superstition », pour répéter le mot de Montesquieu. Aussi s'inquiète-t-on d'en restreindre le poids, par des moyens étudiés. L'ingéniosité des Kabyles s'y marque fort curieusement. Ce sont des solutions de compromis, qui concilient les intérêts et les devoirs, et qui tempèrent d'avarice le goût de libéralité. En principe, tout le village devrait avoir part au banquet, puisque ses habitants ont tous, ou presque tous coopéré. Les femmes même ont aidé aux transports. C'est en effet parfois le cas. A Agouni Nrihane, à Ighil Bouamar, on donne le couscouss à toutes les familles du village, qui le consomment chacune chez elle; et les femmes en ont ainsi leur part. A Bezarka et à Zoubga, l'on ne convie que les notables; ou l'on invite un homme par famille, et c'est normalement le plus âgé, qui « représente » ainsi le groupe des agnats. Mais, au second repas, tous les hommes, mariés ou non, doivent être convoqués. Et chacun d'eux emporte à sa maison du couscouss pour sa femme, ses filles ou ses sœurs. C'est la séparation des sexes qui agit ici pour borner l'ampleur de la réunion. Chez les Beni Yenni, où l'esprit de parti est très fort, on ne mande que les « amis », membres du même cof, qui viennent à la maison; les reliefs du festin sont envoyés aux indigents, qui les mangent à la djemaa (1). Dans le Kouriet, tribu fort pauvre, on festoie les gens de la Kharouba, groupe peu étendu de parents, qui forment dans le village un petit quartier séparé. -Les marabouts sont eux-mêmes priés. A Takerboust, on en invite sept. Ils mangent en premier lieu, et récitent en paiement la fatiha, ainsi qu'on va le voir bientôt.

Le lieu donc du repas n'est point unique. Ce n'est pas, à la lettre, un repas en commun, qui réunisse, en même lieu, tous

(1) C'est la maison publique du village, sorte de maison des hommes », ой vivent et dorment les garçons, et où les hommes mariés vont souvent.

« PrejšnjaNaprej »