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en deux registres (fig. 7). En bas, apparaît l'aigle léontocéphale liant deux bouquetins couchés, une patte antérieure relevée. Comme sur le vase d'Entéména les cornes, aux fortes nodosités, sont représentées concentriques. Sous l'aspect de son animalattribut, le dieu Ningirsou préside à la capture d'un taureau à face humaine. En effet, de part et d'autre de ce dernier, deux personnages, portant la masse d'armes, saisissent l'animal, l'un par la barbe, l'autre par la queue (1). Le premier de ces personnages, que signale le bandeau qui lui enserre la tête, est évidemment le héros; le second est un acolyte que le graveur

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Fig 7.

Développement d'un cylindré-cachet sumérien. (Musée du Louvre).

a d'ailleurs sommairement traité. Dans le champ, en haut, apparaît le disque dans le croissant et aussi le disque seul.

Il serait aventuré de désigner ces deux personnages par les noms de Gilgamès et d'Enkidou; toutefois, ils forment couple à la manière de ces derniers et répondent à des conceptions du même genre. Il ne s'agit pas de la mise à mort du taureau céleste envoyé par Ishtar, car nos héros n'ont pas l'attitude violente de combattants; ils semblent plutôt parlementer avec leur prise. Ce sentiment est confirmé par l'instrument représenté dans le champ, au-dessus du taureau, et qui n'est autre qu'une charrue. M. Thureau-Dangin nous a fait remarquer que cette charrue portait

(1) Comparer la capture du taureau sauvage représentée sur un bas-relief en terre cuite du Musée de Berlin, Meissner, Babyl. und Assyr., I, Taf.Abb., go.

un semoir: tube vertical terminé à sa partie supérieure par un entonnoir où l'on versait le grain (1). Notre cylindre fournit peut-être la plus ancienne représentation de ce dispositif. Ainsi, dans l'ensemble, les figures de la zone inférieure se réfèrent à la domestication de l'espèce bovine et à son adaptation à la charrue.

La zone supérieure confirme cette conjecture, car elle montre l'autr› utilisation de l'espèce domestiquée: la traite des vaches. Deux de ces animaux sortent de l'étable et l'on voit les préposés au travail, l'un tenant la grande jarre à lait, l'autre

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Fig. 8.

Développement d'un cylindre-cachet de l'époque d'Agadé. (Musée du Louvre).

occupé à traire. Cet ensemble rappelle le bas-relief de Tell el'Obeid découvert par M. Wooley (1): dans l'un et l'autre cas la queue de la vache passe par dessus la tête de l'individu occupé à traire.

Comme la zone inférieure, la zone supérieure du cylindre du Louvre porte le disque dans le croissant et le disque seul. On notera que la disposition de ces deux registres répond assez bien au double décor du vase d'Entéména. Dans l'un et l'autre cas la lecture de l'image se fait de bas en haut. Le nouveau cylindre du Louvre peut d'ailleurs être contemporain du vase d'Entéména. s'il n'est pas plus ancien.

(1) Sur cet instrument, voir Meissner, ibid., I, p. 193 et suiv. (2) Woolley, Antiq. Journal, IV, pl. XLII.

Un cylindre de Tello, de l'époque des rois d'Agadé, offre une autre représentation de la domestication du taureau (fig. 8) (1). Un personnage nu et hirsute, du type d'Enkidou, lutte avec le taureau à face humaine que les exigences de la symétrie et le besoin de remplir la surface à graver ont conduit à représenter deux fois. Le graveur a pu ansi figurer l'aigle léontocéphale liant les deux bovins à face humaine. Ici encore nous voyons le dieu Ningirsou intervenir pour aider à maîtriser l'animál sauvage. Le héros, qui a opéré sous la protection du dieu, reçoit pour prix de son exploit, le boeuf domestique.

Quant au personnage qui, sur le même cylindre, lutte avec

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le lion, il est vêtu comme Naramsin sur sa stèle de victoire et il porte une couronne. C'est donc un roi-héros, tout comme Gilgames. Dans le champ, au loin, le dieu solaire sort de derrière les montagnes.

Les cylindres attestent la richesse du folklore chaldéen, ce qui rend très difficile l'explication des représentations. Nombre d'entre elles devaient surtout avoir une valeur apotropaïque, tel ce cylindre où l'on voit le dieu solaire maîtriser lui-même le taureau à face humaine (2), ce qui doit viser les mauvais génies de la nuit qui sont chassés par l'astre du jour.

Peut-être convient-il de rattacher à une légende se rapportant

(1) Delaporte, Catal., no T. 83, pl. 4, 1. (2) Delaporte, Catal., II, no A. 142.

à la capture du taureau sauvage, le beau cylindre du temps de Shargalisharri (fig. 9) (1). Un héros du type Enkidou attire l'animal en lui présentant à boire l'eau claire et fraîche qui jaillit du vase sacré. Un autre cylindre (fig. 10) (2) nous fournit la suite de l'épisode: le héros profitant de la confiance que lui témoigne le taureau, saisit ce dernier par la patte dès qu'il fait mine de s'en retourner.

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L'art égéen a également abordé le sujet de la capture et de la domestication du taureau sauvage dans les reliefs des fameux gobelets en or de Vaphio, mais d'une manière toute différente et sans que se manifeste l'intervention divine. En Chaldée, les sculpteurs et graveurs sont dominés par le mythe notamment celui que nous avons essayé de reconstituer tandis que, dans la Grèce préhistorique, le sujet est envisagé avec une liberté toute profane. Ici et là, les artistes se sont attaqués au même motif, mais ils l'ont traité dans des conditions qui excluent nettement

tout contact.

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René DUSSAUD.

(1) Souvent reproduit, ainsi dans Maspero, Hist. anc., I, p. 601. (2) Delaporte, Catal., I, no T. 43.

TALISMANS CHRÉTIENS

Divers auteurs, en particulier MM. Hovorka et Kronfeld (1), van Schevensteen (2), ont étudié une catégorie d'amulettes allemandes, dites « Egerlander Amuletten », Egerlander Amuletten », qui présentent entre elles de nombreux traits communs, avec quelques variantes dans leur disposition, le choix des images, des formules. C'est une amulette de ce type appartenant au Musée de Genève (2), que nous décrivons ici, renvoyant pour la comparaison aux travaux cités. On y retrouve en effet la croix dite lorraine, espagnole ou patriarcale, les formules protectrices réduites aux initiales des mots ou des phrases, et disposées en croix, les formules célèbres dites croix de saint Benoit et croix de saint Zacharie, les mêmes saints protecteurs, etc. Notre amulette porte le nom de l'imprimeur Ant. Straberger, à Neuhausen (4) et date du XVIIIe sièale, comme la plupart des exemplaires connus. Son rôle est de protéger son possesseur contre les embûches des esprits malins, contre les calamités de tout genre qui pourraient l'assaillir; elle est utile, disent les inscriptions,"« contra spiritus malignos », contra lapsus et hostium insultus », << contra prestigia », « contra

(1) Hovorka et Kronfeld, Vergleichende Volksmedizin.

(2) van Schevensteen, Contribution à l'iconographie des « Egerlander Amuletten, Ve congrès international d'Histoire de la Médecine, Genève, 1925, paru en 1926, p. 136 sq.

(3) Inventaire 1807. Sans provenance connue.

(4) Recto: < Ant. Straberger », au bas de la feuille, à droite. Verso: <in Neuhausen », au bas, à gauche.

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