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dire dans le Livre des rois (de Firdousi) et des chroniques, mais la succession de la chronologie même était déjà arrêtée et fixée d'une façon absolument précise. Par exemple le Zamyad Yasht en faisant l'histoire de la transmission du Hvareno, ou de la gloire royale, depuis Ahura jusqu'à Saoshyant, nous donne une succession des dynasties qui est exactement celle de Firdousi... Non seulement les successions sont les mêmes, mais il n'est point jusqu'aux durées des règnes qui ne semblent déjà fixées.

Cette concordance, qui étonnait M. J. Darmesteter, nous paraît toute naturelle, puisque c'est le même livre des temps anciens, recueilli par morceaux de la bouche des mêmes mobeds, qui a ensuite été découpé en plusieurs morceaux relatifs aux cérémonies et aux lois pénales (d'où notre Avesta), ou relatifs à l'histoire légendaire et profane, sans préjudice de bien d'autres sujets, si l'on en croit l'analyse du Dinkart.

40 Quelques conséquences de notre solution.

Ajoutons, pour terminer, que ce mode de restitution de l'Avesta par récitation au vire siècle, rend compte de faits déjà relevés qui en concernent la forme ou le fond:

1o On comprend que la partie versifiée, préservée par la mesure (les Gathas), a pu se conserver fidèlement dans les mémoires depuis une très haute antiquité.

2o La prononciation des vieux mobeds de diverses provinces a pu influencer la transcription et plus tard, comme conséquence, la graphie que nous avons.

3o Les récitations, mises bout à bout, puis découpées, auraient nécessité un long travail de grammairiens, de commentateurs et de scholiastes, comme l'ont nécessité les vers d'Homère. Ce travail aurait été fait si la récitation remontait aux belles années de la puissance perse, mais elle a été mise par écrit sous Yezde gerd III, et les foudroyants succès des Arabes (1), comme l'éva

(1) D'après Yakout, loc. cit., p. 16, « les Perses de l'Azerbaïdjan résistèrent énergiquement aux musulmans, vers 642, et firent ensuite la paix... à condition que les temples du feu seraient respectés et que les habitants de Schiz en particulier auraient le droit de chanter leurs complaintes dans leurs fètes religieuses, ainsi que de célébrer publiquement leur culte », mais, sur la même page,

nouissement si prompt de presque tout le mazdéisme, n'ont guère permis qu'un travail sommaire de conservation (transcription et ensuite meilleure graphie).

4o Pour le fond, la récitation tardive de l'Avesta nous explique aussi les grandes différences que nous constatons entre sa religion et la religion des premiers Sassanides. Si fidèles qu'aient été les mémoires des mobeds, elles ne pouvaient manquer d'être influencées par le monothéisme des chrétiens, très connu puisque les Jacobites avaient eu l'étrange idée de faire arbitrer par les mobeds leurs différents théologiques avec les Nestoriens (1). Le culte du soleil, des éléments et des astres, qui faisait des anciens mazdéens des païens idolâtres, est bien affaibli. Inutile de dire qu'on ne trouve plus trace des sacrifices humains des anciens perses (2) qui ont continué jusqu'au début de notre ère (3). Le culte des arbres et des sources a presque disparu (4). Anaïtis elle-même a changé

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Médaini donne aux Perses le nom d'idolâtres : Lorsque les idolâtres s'enfuirent vers Nehawend... », et voici comme les Arabes traitaient les idolâtres : Mamour. dit aux habitants de Harran : « La capitation n'est payée que par ceux parmi les adversaires de l'islam, qui ont des écritures saintes et qui sont mentionnés dans le livre de Dieu, et auxquels les moslims ont accordé la paix. Vous n'êtes point de cette classe. Maintenant, choisissez l'un des deux : embrassez l'islam ou une des autres religions dont Dieu fait mention dans le Coran, ou je vous extermine jusqu'au dernier . Journal As. t. XXXIX, 1841. p. 255. (1) Jean d'Asie,, De beatis orientalibus, chap. x, Patr. Or., t. XVII, 144, 147, 153 (vers l'an 515). Les rois de Perse (et les Mages) présidaient des discussions publiques entre jacobites et Nestoriens et se faisaient remettre des professions de foi, par exemple sous Chosrau Ier (531-578), v. Jean d'Asie, Hist. ecclés.. trad. Payne Smith, Oxford, 1860, p. 418 et. sous Chosrau II Parwis (590-627), v. J.-B. Chabot, Synodicon Orientale, Paris, 1902, p. 562. (2) Au temps de Xercès.

(3) Entre 120 et 123, des villages d'Adiabène adoraient le feu et y jetaient de petits enfants lors de leur grande fête au mois d'lar, A. Mingana, Sources Syriaques, Lepzig, 1908, p. 79-80. Cette fête est longuement décrite au même endroit. Cf. Hérodote VII. 114. (M. Sachau a traduit cet ouvrage en allemand, sous le titre Die Chronik von Arbela, dans les Abhandlungen de l'académie des sciences de Berlin, philos. hist. Klasse, 1915, no 6).

(4) Les habitants de Rési (vers 190) adoraient un térébinthe; personne ne pouvait verser de sang aux environs de cet arbre, Mingana, loc. cit., p. 92. Cf. The Book of Governors, édition et traduction W. Budge, Londres, 1893, t. I, 149-150, II, 307: Le pays de Salâkh était enfoncé dans le

de caractère: elle a été poétisée et elle ne ressemble plus à la déesse représentée par des idoles et dans le temple de laquelle, à Persépolis, on suspendait les têtes des ennemis d'Ardashir (1) et celles de douze martyrs chrétiens (2). Vu les malédictions du Coran contre les adorateurs du soleil et de la Lune, contre les idolâtres et contre les livres de magie, ces retouches étaient indispensables pour être mis au nombre non pas des peuples qui ont un livre vraiment révélé puisque le livre Avesta n'existait pas à la promulgation du Coran, du moins parmi les peuples<< qui ont quelque chose de semblable à un livre révélé

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(3).

»

FRANÇOIS NAu.

magisme (VIe siècle), non seulement dans l'adoration des astres, mais ils adoraient aussi les arbres touffus ; I, 109-110; II, 243, les païens adoraient un arbre, des mages (sans doute les païens précédents) se convertissent;

I, 370-1; II, 634, à la même époque, au village de Koph, un certain Jean dessèche un grand olivier qu'ils adoraient, il entre dans le feu sans être brûlé, il fait retourner le soleil en arrière, il arrête un cours d'eau. Quand ils voient que la puissance de Dieu se manifeste par son ordre, non seulement sur les créatures ordinaires, mais aussi sur les natures qu'ils regardaient comme des dieux, ils se convertissent, détruisent le temple du feu et bâtissent une église. Jean leur établit un naître et une école.

(1) Darmesteter, loc. cit., III, xxv.

(2) Bedjan, Acta martyrum, II, 283.

(3) Ce sont les locutions d'Asch-Scharastani. trad. Th. Haarbrücker, Halle,

1850, p. 244. Ces retouches apportées au magisme expliquent les contradictions que Maçoudi constatait chez ses adhérents. Le Livre de l'Avertissement, p. 135. Ses hommes du vulgaire dont on rejette les principes sont des mazdéens qui n'ont pas évolué.

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LA MENTION DU VIN

DANS UN TEXTE RELIGIEUX PALMYRÉNIEN

Le vin de Syrie était réputé et s'exportait jusqu'en Egypte, dans la mer Erythrée et en Perse. Notamment dans la région de Damas et dans le Hauran la vogue de la vigne est attestée par le rôle qu'elle tient dans la décoration, en particulier dans la décoration des monuments religieux. Il existait peu de temples dans l'Auranitide dont le décor n'ait comporté des pampres. Tel linteau de Souweida, l'antique Dionysias, explique le développement du décor en pampres du calice Kouchakji ou des murailles de Meshatta. Le grand dieu de la région à l'époque nabatéenne, Dusarès, avait été identifié à Dionysos.

Il est évident que la culture de la vigne et l'usage du vin dans le culte, qui en résulte, ne peuvent être en honneur que chez les populations sédentaires. On a remarqué depuis longtemps que lorsque les poètes arabes parlent du vin, c'est toujours du vin de Syrie ou de l'Iraq (1).

Le nomade est naturellement hostile à l'usage du vin; surtout il ne l'admettra pas dans le culte. L'abstinence du vin est illustrée par ce qu'on nous rapporte des Rékabites. Les renseignements recueillis par Diodore de Sicile sur les Nabatéens, qui ne cultivent pas la vigne, remontent à une époque où ils ne s'étaient pas encore installés dans le Hauran.

(1) FRAENKEL, Die aram. Fremdwörter im Arabischen, p. 157.

1

L'opposition entre les pratiques des nomades et celles des sédentaires est bien marquée par la légende empruntée au répertoire grec, qui met aux prises le dieu Lycurgue et Dionysos. Nonnos nous dit que les Arabes vénéraient Lycurgue comme un dieu (1); ils lui offraient des victimes et des libations de sang à la place des libations de vin. Il faut comprendre que les Arabes maintenaient la vieille tradition sacrificielle et n'acceptaient pas de substituer le vin au sang dans les sacrifices comme la coutume s'en était répandue chez les sédentaires.

Encore en 132 de notre ère, un Nabatéen qui tenait garnison à 'Ana sur l'Euphrate, consacre, de passage à Palmyre, un autel à son dieu Shai al-qaum « bon et rémunérateur, qui ne boit pas de vin », c'est-à-dire, comme l'a compris l'éditeur M. Littmann, qui n'accepte pas de libations de vin (2).

Un texte découvert, il y a peu d'années, à Palmyre, par M. Harald Ingholt, dont on sait les fructueuses recherches sur ce site en 1924 et 1925, et publié par lui (3), nous paraît signaler à nouveau l'importance que le vin avait pris dans le culte. Voici la traduction que donne M. Ingholt en l'appuyant d'un savant commentaire :

1. Au mois d'octobre de l'année 555 (= 243 J.-C.),

2. à l'occasion de la symposiarchie de Yarhai Agrippa, 3. (fils de) Yarhai, (fils de) Yedi bel, (fils de) Oga, (fils de) Ya'out, qui a servi les dieux et présidé

4. la divination toute l'année et a donné du vin vieux

5. de sa maison pour les prêtres toute l'année et du vin en outres 6. il n'a pas apporté de l'occident. Que soient en souvenir et

bénis

7. Pertinax et Malkosa, ses fils, et Ogilou, le secrétaire,
8. et Zabai, fils de So'ada, qui était chef de cuisine,
9. et Yerahbola, l'échanson, et tous les auxiliaires.

Ainsi le thiase (marzéah) qui, en 242, avait élu symposiarche un palmyrénien du nom de Yarhai Agrippa, consacre par une

(1) Voir Clermont-Ganneau, Recueil d'Arch. Orient., IV, p. 398 et suiv. Le témoignage de Nonnos a été confirmé par la découverte de dédicaces au dieu Lycurgue.

(2) Répertoire d'épigr. sémitique, no 285.

(3) H. Ingholt, Un nouveau thiase à Palmyre, dans Syria, 1926, p. 128.

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