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cheusement que les dates proposées; il y a doute, notamment, au sujet de l'authenticité des vases-amulettes çà et là publiés et qui pourraient intéresser ici. Une enquête attendue dira s'il s'agit d'objets de la primitive humanité, ou d'un outillage de sorcellerie, archaïsant.... ou de faux. On a signalé, en tout cas, comme idoles phalliques et bisexuées (1) certaines représentations en argile, d'aidoia masculins complets, qui portent sur la paroi scrotale, parfois la simple schématisation (?) dite du << masque néolithique à l'autre, nez en bec de chouette (?) et gros yeux ronds; pas de bouche (2); et ailleurs la représentation complémentaire, au-dessous des yeux, d'un sexe féminin plus ou moins sommaire. En faisant connaître ces documents, dont l'aspect reste si inquiétant (3), n'a-t-on pas soupçonné qu'ils avaient pu servir d'instruments mystiques ? Et n'a-t-on pas rappelé, d'autre part, à leur propos, le tjouringa, en bois, de l'Australie, brutal auxiliaire d'« initiation ... locale des vierges, aux temps primitifs; le Baubov d'Hérondas en serait un succédané ...lointain, fort adapté à la civilisation hellénistique. Sans vouloir s'engager en ces hypothèses, on notera certaines observations présentées récemment à l'Académie des Inscriptions par M. Loth (4) sur les figurines néolithiques sans bouche, répandues de l'Asie mineure aux Iles britanniques; idoles dont le facies évoquerait celui des « idoles sexuelles (?)» de Glozel. M. Loth veut que le type ainsi déterminé ait exprimé un rapport symbolique avec l'idée de la mort, si présente à Éleusis même. Je rappelle encore ce qui a été dit ci-dessus pour

arcade sourcillère continue d'un sourcil

(1) P. ex. Dr A. Morlet, Glozel, Nouvelle station néolithique, 3 fasc. 1925-1926; cf. Mercure de France, 15 sept. 1926. p. 562-567, trois figures ; S. Reinach, CRAI, 1926. p. 219, etc.

(2) C'est (plus ou moins!) le type des vases << à la chouette » d'Hissarlik ou d'ailleurs, mais aussi (plus ou moins, a-t-on dit), de ceux des grottes funéraires de la Marne (CRAI, 1874, p. 95).

(3) [Pendant la correction des épreuves (le 24 déc.), est publié le rapport de la Commission Internationale (E. Nourry, 1927), qui vient justifier tous mes doutes.]

(4) CRAI, 15 oct. 1926.

quelques Baubo de Priène, xoiz: animées, et pour le caractère parfois incomplet de leur faux-visage abdominal.

!

Sans doute eût-on trouvé jadis, dans le calathos et la ciste de Déméter, objets étranges que les mystes regardaient et maniaient sans bien comprendre quelques idoles susceptibles de rappeler à la fois les aidoia à facies néolithique << » ou non (par la représentation si insolite du Iacchos), et, par ailleurs, les terres-cuites monstrueuses, indécemment retroussées, du sanctuaire démétriaque de Priene.

C'est la bizarrerie de tels symboles, xoix et phallos, qui me paraît, seule, avoir pu provoquer les légendes rationalistes, si scabreuses, de Baubô et Baubôn; je crois ces mythes antérieurs au vie siècle, comme ceux d'Agra ou d'Halimous...

Résumons en terminant ce qui nous paraît certain, probable, ou possible, sans chercher à restreindre la grosse part de l'hypo

thèse.

Réalités païennes il me semble que nous entrevoyons mieux la place tenue par Baubô et Baubôn, en fin de compte, dans les cérémonies des mystères. On avait voulu à tort les en exclure. Sur la nuit de la première initiation, l'Hymne à Déméter suffit à nous renseigner, et, interprété avec ses rédicences courtoises, ses euphémismes, il nous instruirait encore quasi complètement.

nantes !

Il y a eu d'abord, à Éleusis, avec Iambé, un Iambos; puis, à côté de Baubô,... Baubon. Nous entrevoyons leur nature: simples personnifications sexuelles, xoiz et paós animés. Tout ce qu'a inventé, au cours de la vie grecque antique, une imagination désireuse d'explications claires, fussent-elles singulièrement gêautour des aventures... humaines, trop humaines, de Déméter et Dionysos, non seulement avec tels ou tels personnages typiques, mais avec ceux qui, sous d'autres noms, s'apparentent, dériverait, à mon avis, de l'effort fait pour paraphraser, dans la muésis, puis dans l'époptie, un rite double de communion mystique l'exaltation parallèle des organes créateurs de la vie, et la vision symbolique d'une double ré-génération. Ainsi, favo

risait-on la complète union spirituelle des initiés avec la déesse principale et le dieu des mystères.

Les cérémonies de la première et de la seconde initiation, comprises de la sorte, se renouvelaient en quelque façon; elles ont été plus voisines les unes des autres qu'on n'avait pu le deviner, et nous apparaissent comme vraiment mêlées, aussi.

Dès le vie siècle, on se détachait des « turpes origines » dont parlé sévèrement Arnobe. On ne comprenait plus guère la forme étrange des sp de la ciste et du calathos, organes sexuels accompagnés de bizarres figures humaines, mises là par intention de sortilège, et comme pour intensifier la vie magique, la force créatrice des antiques symboles: l'histoire de ceux-ci plonge sans doute dans un passé millénaire. Ainsi que l'avait vu M. A. Loisy, le culte attique, vivace, a tenté, d'un constant effort, de se spiritualiser. Aucune église a-t-elle jamais beaucoup mieux supprimé les réalités de la conception, de la génération humaine? Il se peut qu'Eleusis ait eu bien des difficultés avec les héritages d'un passé très brutal... avec Baubô et Baubôn; elle a du moins cherché à résoudre très dignement ces embarras éternels, sans nul mépris de la vérité naturelle, sans nul parti-pris contre la chair; et, accordant aussi son attention au côté spirituel des problèmes de la vie terrestre, elle regardait l'au-delà.

Ceci nous amène à examiner une face accessoire de la question étudiée : Sur la polémique chrétienne, qu'avons-nous appris ici, ou cru apprendre?

Les adversaires du paganisme, au temps des Pères de l'Eglise, ont été relativement bien informés. C'est grâce à eux, d'ailleurs, que nous savons encore quelque chose; et, le secret des mystères, obstinément défendu par la loi sacrée païenne, il s'en faut de peu qu'ils ne l'aient violé tout à fait, à notre bénéfice. Plusieurs n'étaient-ils pas d'ailleurs des convertis ? Il eût été trop imprudent pour eux de risquer ensuite des allégations fausses, en un si grave débat.

Nous n'avons nulle raison de douter qu'on voyait aux mystères d'Eleusis, les épisodes dits de Baubô, et de Céléos même. Mais

«

j'ai noté sous quelle forme symbolique, qui n'est pas celle qu'imaginent encore plusieurs polémistes chrétiens... modernes. Il n'eût pas fallu, comme P. Foucart qui d'ailleurs raisonnait sur ces questions, contrairement à son habitude, avec un visible embarras

(1), contester l'information des Pères de l'Église, ni par ailleurs, vouloir sans doute trop différencier les sources éleusiniennes et « orphiques » (2). La preuve que jadis, la polémique antiéleusinienne, - servie par d'anciens païens, le plus souvent, aux premiers temps de l'Église, -- ne s'était pas beaucoup égarée, c'est que les païens non ralliés s'accordèrent souvent avec leurs adversaires sur les faits, sinon sur les interprétations, bien entendu. Et les Néo-platoniciens (3) auraient-ils commis précisément la même erreur que les Pères de l'Église, en pensant que les poèmes <orphiques >> reflétaient assez fidèlement la réalité des mystères ? Ch. PICARD.,

(1) P. 464 sqq.

(2) Ce qui ne concorde pas toujours, c'est la tradition dite « homérique », avec celle des Orphiques ou pseudo-Orphiques.

(3) P. Foucart, l. l., p. 468.

NOTE ADDITIONNELLE. Au moment de la correction des épreuves de cette étude, je reçois l'important et très utile ouvrage, longtemps attendu, de M. F. Noack, Leipzig, 1927: Eleusis, Die baugeschichtliche Entwicklung des Heiligtumes. Bien que l'histoire architecturale tienne là, naturellement, la place essentielle, l'auteur a marqué qu'il ne se désintéressait pas, tout au contraire, des faits religieux (cf. notamment, p. 227 sqq. Schussfolgerungen für die Mysterienfeier). On constatera vite, en lisant cette longue conclusion, en quoi l'opinion que j'exprime diffère de celle des savants allemands. Je n'ai pas découvert, pour ma part, de bonnes raisons pour « démembrer >> la formule du vua ci-dessus, p. 235; et je crois que mon interprétation, que je maintiens, d'un rite double, explique ce qui avait pu jusqu'ici embarrasser. Sur d'autres points, ce n'est pas ici le lieu d'amorcer

discussion.

Ch. PICARD.

une

LE JÉSUS DE PAUL

La question primordiale qui se pose pour les historiens du christianisme est celle de Jésus. Faut-il voir en lui, comme on l'a cru traditionnellement, le Verbe fait chair du quatrième Evangile, ou bien un fils d'Abraham devenu l'égal de Iahvé, comme l'affirme d'ordinaire la critique moderne ?

Les deux thèses sont également concevables, car les exemples abondent d'hommes divinisés ou de dieux gratifiés d'une apparence humaine. Les textes seuls permettent de répondre.

Parmi eux les plus anciens sont les plus importants. Pour mieux dire, ce sont les seuls qui comptent, au regard de l'histoire. De là vient l'importance des écrits pauliniens. Ils ont bien plus de poids que les évangiles eux-mêmes, car ils leur sont bien antérieurs.

La plus archaïque des Vies de Jésus arrivées jusqu'à nous, celle qui porte le nom de Marc, n'a pas dû être écrite avant la persécution de Domitien. Elle se place aux alentours de l'an 100. Déjà les grandes Epitres de Paul aux Galates, aux Corinthiens, aux Romains, aux Philippiens, aux Thessaloniciens, y sont utilisées. Quel qu'ait pu être leur développement ultérieur, leur première rédaction se trouve donc plus ancienne.

Sont-elles vraiment de l'apôtre dont elles portent le nom? Je ne vois, pour ma part, aucune raison pressante d'en douter. Elles ont pu subir des altérations plus ou moins graves. La substance en doit être authentique. Or leur auteur se donne comme avant

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