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par A. Houtin montrent toute l'âpreté de la lutte, et comment elle ne cesse que lorsque Gratry est à bout de ses forces physiques comme de ses forces morales.

En tête du premier volume se trouvent les quelques pages poignantes où Albert Houtin avait raconté une crise sentimentale qui selon lui, aurait endolori la brève carrière du noble Henri Perreyve. P. A.

FR. MACLER. Trois conférences sur l'Arménie faites à l'Université de Strasbourg. Paris, P. Geuthner, 1927. Un vol. de la Bibliothèque de vulgarisation. Annales du Musée Guimet, 144 p. in-12 et 32 pl.

M. Fr. Macler ne se contente pas d'avoir des choses arméniennes, histoire, littérature, art, religion, ethnographie, une connaissance parfaite il en a la compréhension intime que confère la plus ardente sympathie. Et c'est là justement ce qui donne à ces trois conférences un ton si vivant, si direct, sans aucune déclamation, sans aridité, avec un constant souci de laisser le document parler lui-même. De ces conférences, la première, à propos de l'église arménienne, montre comment << la parole écrite >> a fait l'unité religieuse du peuple arménien comme aux temps bibliques elle avait fait l'unité du peuple juif, et comment ensuite l'unité religieuse a fait l'unité nationale de l'Arménie, l'a sauvée de l'oubli, de la ruine et du désespoir au milieu de ses épreuves sans cesse renaissantes. En marge de l'église arménienne, la seconde causerie promène l'auditeur dans les champs du folklore arménien, folklore éclos sur un terrain d'antiques croyances, de survivances païennes que M. Macler démêle avec une érudition sagace et attrayante. Puis, quittant le domaine enchanté des fées et des dews, il examine les positions caractéristiques de la théologie des sectes qui ont voulu, au cours des siècles, entamer l'orthodoxie nationale en Arménie. M. Macler consacre sa troisième conférence à une vue d'ensemble sur les traits dominants de la civilisation en Arménie au cours des siècles, agriculture, commerce industrie, littérature, beaux-arts. Nos lecteurs n'ont pas oublié de remarquable article donné à notre Revue par M. Macler sur les anciennes églises d'Arménie. Ils en retrouveront les précieuses conclusions dans la partie de cette causerie consacrée à l'architecture arménienne. Une excellente série de planches ajoute encore à l'agrément et à l'intérêt de ce livre.

P. A.

A. BROU. Le dix-huitième siècle littéraire, t. III, Paris, Tequi, 1927. Un volume in-12 de 465 pages.

Un précédent volume traitait de Voltaire et du « philosophisme

au XVIIIe siècle : celui-ci s'ouvre par une longue étude sur Rousseau et il va sans dire qu'au cours de ces quelque 460 pages, il sera beaucoup question du romantisme, de ses origines, de ses traits essentiels. Problème délicat, les tempéraments des écrivains qu'on étiquette préromantiques ou romantiques présentant des différences notables. Mais, dit M. Brou « avant d'être d'ordre esthétique, les ressemblances sont d'ordre moral. Il est certain état d'âme qui amène certain état d'esprit la littérature et les formes d'art ne viennent qu'ensuite et sont chose secondaire ». Il y a tout d'abord que Rousseau condamne les lois de la société, et qu'avec toutes ses tares il se tient pour un parangon de vertu... Il y a. « que Hugo se met non seulement au-dessus des esthétiques et des traditions, mais au-dessus de la morale commune, vu son génie. Il y a que Vigny se fait l'accusateur de Dieu et George Sand l'avocate des droits imprescriptibles de la passion, etc., etc. Et, en tout cela, il y a un orgueil qui n'est pas petit, mêlé presque toujours à un manque de sens commun qui déconcerte (p. 5)

Ce jugement sommaire indique l'esprit dans lequel est conçu ce livre il ne se pique pas d'objectivité, c'est bien sûr, mais reconnaissons qu'il est fort agréable à lire, plein de verve et souvent plein d'esprit dans ses opinions presque toujours absolues, unilatérales. De plus, l'auteur a une information très étendue, généralement puisée aux bonnes sources, et quand il ne trouve pas matière par exemple pour Chénier à des verdicts de morale ou de dogme, M. Brou nous donne des analyses littéraires de la plus fine sensibilité.

P. A.

JAMES GEORGE FRAZER. Les Dieux du Ciel, traduit de l'anglais. par Pierre Sayn. Paris, Librairie de France, 1927. Un volume in-8° carré de 359 pages.

Ce volume représente la traduction de la première partie de l'ouvrage que Sir J. G. Frazer a consacré à l'étude du culte de la Nature. Le tome I en a seul paru jusqu'ici (The Worship of Nature. Macmillan, Londres, 1926, 8o). Ces premiers chapitres nous sont donnés dans un français souple et élégant qui fait honneur au traducteur M. P. Sayn; il s'adapte à merveille aux qualités qui ont fait la gloire de l'anthropologiste de Trinity College: des idées claires pour formuler le travail obscur des mentalités primitives. Ces idées sont coordonnées selon un schéma que nous indique le chapitre d'introduction: « L'esprit de l'homme refuse de se satisfaire des phénomènes sensibles. . « Les sauvages expliquent les phénomènes de la nature et de la vie humaine en imaginant l'existence d'une multitude de créatures spirituelles, dieux ou esprits, qui peuplent le ciel, l'air, la mer, les bois, les sources, les fleuves, et qui, par leurs agissements, produisent une variété d'effets qu'une phi

».

losophie matérialiste attribue à l'action de forces impersonnelles ». L'histoire religieuse de l'humanité serait l'histoire de la conquête progressive du sensible par l'explication « matérialiste » ; < despiritualisation de l'univers » qui s'est accomplie lentement, graduellement, qui a pris des siècles. Après avoir peuplé d'une multitude d'esprits particuliers tout ce qu'ils voyaient ou devinaient autour d'eux, les hommes se mirent, en vertu de ce qu'on pourrait appeler l'économie de la pensée, à limiter le nombre des créatures spirituelles dont leur imagination s'était montrée au début si prodigue ». Ce processus va de l'animisme au polytheisme, du polythéisme au monothéisme. Marche vers l'abstrait et le général, << besoin de simplification et d'unité que Sir J. G. Frazer estime n'être qu'un goût instinctif de l'esprit.» Peut-être la nécessité apparaîtra-t-elle de tracer l'étiologie de ce << goût instinctif ».....

Quoi qu'il en soit, ces chapitres qui décrivent « le culte de la nature marquent de traits caractéristiques la phase qu'on pourrait appeler << animo - polythéiste », et comme toujours dans l'œuvre de Sir J.-G. Frazer, l'explication opère sur une somme immense de documents ethnologiques.

P. A.

GASTON MIGEON. Au Japon. Promenades aux sanctuaires de l'art. - Nouvelle édition, illustrée de 40 planches. Paris, P. Geuthner, 1926. Un vol. in-8° carré de 217 pages et 40 pl.

certainement

La nouvelle édition de ces << promenades >> sera accueillie avec faveur. Ces impressions de voyage et d'art datent de 1906. A cette époque, au lendemain de la guerre de Mandchourie, le discre Japon qui venait de se révéler formidable n'était guère connu que par des vues superficielles de romanciers et de voyageurs pressés ou seulement sensibles aux apparences. Ce livre d'un savant et d'un artiste fut un de ceux le nombre en est bien faible encore aujourd'hui qui ont montré dans son intimité et non dans son bric-a-brac l'art propre à ce pays et ce que cet art reflète de mœurs et de traditions intangibles. Il nous promène, en s'aidant de documents photographiques nombreux et choisis avec un sens très

vif du

>

topique», à travers Tokio et ses temples, Nikko le parc aux mausolées, le sanctuaire du Daïbutsu, la cité monacale du Koyasan, les temples forestiers de Nara, tous les lieux de culte de cet empire où la religion semble souvent chose d'art traditionnel encore plus que de pensée et d'émotion. A Kioto, au Yamato, à l'antique Horiuji, le temple se confond aisément avec le musée. M. Migeon est le plus entraînant des guides et le plus délicatement érudit. su voir et sait montrer. Certains aspects ou solennités d'une liturgie propre au Japon, l'ésotérisme des jardins, les fêtes du

Il a

thé, la représentation des nô sont décrits avec un pittoresque sans afféterie. Le rite, généralement agreste et saisonnier, y est indiqué en quelques traits, suffisants pour provoquer des comparaisons de la part de ceux qui savent, des curiosités chez ceux qui ignorent le fonds commun des religions naturistes.

P. A.

F. DE MÉLY. Les dieux ne sont pas morts. Paris, librairie Ernest Leroux, 1927. Un volume in-8° de 419 pages illustré de 255 fig. Ce livre est un livre d'érudition archéologique, mais il possède en même temps l'attrait d'une autobiographie. M. de Mély raconte l'histoire de ses découvertes; elles sont si étroitement unies à sa vie qu'en les énumérant il se raconte et son récit est des plus agréables. << Les dieux ne sont pas morts », ils se réveillent dans chaque œuvre du passé lorsqu'elle est ramenée à la lumière de la science. M. de Mély a fait porter sur des sujets multiples une investigation sagace et en même temps, dirons-nous volontiers, spirituelle il excelle à détacher, non sans une pointe de malice délicate, le petit fait, le détail jusqu'alors inaperçu qui, dans une œuvre d'art, dans un texte, va tout d'un coup éclairer, faire comprendre. faire aimer. Quiconque s'est peu ou prou occupé d'histoire de l'art sait qu'à M. de Mély sont dûes de fort précieuses découvertes sur les signatures cryptographiques de nombreux peintres du Moyen Age et de la Renaissance, sur l'originalité foncière de l'art français dans la plupart de ses domaines etc.; mais l'histoire religieuse lui doit une non moindre gratitude pour tant de points désormais fixés dans l'étude des reliques, de leur authenticité et de leur culte au Moyen Age, sur les amulettes et les formules magiques, sur le symbolisme graphique, sur cette zone pleine d'énigmes qui sépare l'art liturgique de l'art ornemental. De ces résultats et de nombre d'autres on trouvera dans ce livre le plus attrayant inventaire.

P. A.

1

CHRONIQUE

PUBLICATIONS NOUVELLES

La Revue d'Histoire de la Philosophie vient de publier son premier numéro (Paris, P. Gamber, février-mars 1927) et tout, programme, sommaire de ce premier fascicule, direction et comité de rédaction, autorise à augurer excellemment de l'œuvre de ce nouveau périodique. La déclaration liminale, tout en étant très simple, laisse entendre que le champ de travail sera, dans l'espace et dans le temps, fort étendu, puisque ce périodique étudiera dans toute son ampleur le rapport du philosophe à son passé ». « C'est l'intime, parenté entre la philosophie et son histoire qui est la véritable raison d'être de cette Revue: elle ne considère pas que le voyage dans le passé satisfait une simple curiosité, elle a été fondée dans la conviction qu'il est indispensable au philosophe; la Revue d'Histoire de la Philosophie prétend être aussi une revue philosophique. » Sa méthode est définie dans de très heureuses formules: les savants et penseurs groupés par M. E. Bréhier ne sont pas réunis dans le but d'apporter de l'histoire-commentaire qui glose sur une doctrine du passé « avec l'assurance qu'elle nous donne une vérité définitive qu'il n'y aurait qu'à expliquer et à faire comprendre »; pas davantage de l'histoire doctrinaire ५ qui vise à tirer de la connaissance du passé un tableau systématique de toutes les doctrines possibles, comme si l'histoire de la pensée philosophique était close, et comme s'il ne nous restait plus, à nous autres épigones, que le droit de choisir entre des directions déjà parcourues jusqu'au bout ou de prendre, comme les éclectiques, ce qu'il y a de nouveau dans chaque système ». C'est M. Emile Bréhier, nous l'avons dit, qui a assumé la charge de diriger cette Revue; le Comité de rédaction réunit les noms de MM. Ch. Andler, L. Brunchwicg, A. Diès, E. Gilson, Xavier Léon, L. Lévy-Bruhl, A. Rivaux, L. Robin. M. Henry Margueritte est secrétaire de la rédaction. La revue paraîtra par fascicules trimestriels. Le premier contient des articles de MM. A. Diès (Le Problème de l'Un et du Multiple avant Platon), H. Gouhier (La première polémique

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