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En bas, Saint François Xavier, étendu sous une cabane, dans un ilôt; sur la mer vogue un navire que foudroient des éclairs. Légende S. Franc. Xaverius. I. A. Depulsor Tempestatum ». Cet apôtre des Indes (I. A.) mourut ainsi sous un appentis, presque seul, dans l'ile de Sancian, où il s'était fait déposer par un vaisseau marchand espérant gagner la Chine qu'il voulait évangéliser. C'est pourquoi ses images le représentent dans un ilôt, sous un appentis, avec la mer et le navire qui s'éloigne (1). Si le navire est environné d'éclairs, c'est que le saint, dans une tempête qui dura trois jours, fut constamment présent à la fois dans deux vaisseaux, en réalité fort éloignés l'un de l'autre, et qu'il servit à l'un d'eux de pilote. Apaisant les tempêtes (Depulsor Tempestatum), il est le patron des marins qui voguent sur les mers du Sud (2).

Il protège aussi contre la peste (3). Le saint jésuite, né en 1506, et canonisé en 1622 par Grégoire XV, fut un des premiers disciples d'Ignace de Loyola qui l'envoya prêcher aux Indes; ceci explique pourquoi il correspond, dans cette rangée, à Saint Ignace, tout comme dans la rangée supérieure Saint Antoine de Padoue correspond à son maître Saint François. L'image de ce saint paraît souvent sur ces amulettes (4).

La composition de ce feuillet est régulièrement ordonnée, autour du centre que constitue la planchette de carton portant divers objets de piété. A la Vierge Immaculée en haut (no 1), répond en bas, avec le rappel du serpent entourant le monde, le thème des sept douleurs de Notre Dame (no 8) et des cinq plaies de Christ. Dans la rangée centrale, la croix de gauche montre Jésus en croix, donne ses dernières paroles, et ses noms

(1) Cahier, op. l., p. 152, s. v. Cabane. (2) Collin de Plancy, op. l., I, p. 338. (3) Cahier, op. l., p. 615.

(4) van Schevensteen, p. 141. Oraison de Saint François Xavier, Thiers, op. l., IV, p. 118.

divins; la croix de droite porte la Vierge de pitié, les formules de Saint Benoit et de Saint Zacharie. En haut, à Saint François d'Assise correspond le franciscain Saint Antoine de Padoue ; en bas, à Saint Ignace, correspond le jésuite Saint François Xavier.

B. VERSO..

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Au centre, exactement derrière la planchette avec objets de piété de l'autre face (no 4), Christ, tout marbré de plaies (1), est enchaîné à la colonne de la flagellation (2). L'« homme de douleur », le « Dieu de pitié (3) est entouré de torches allumées, et des instruments de sa Passion, disposés en trophées. Ce sont, d'un côté les armes des soldats (lance, sabre, massue, vase de vinaigre); de l'autre les « armes de Christ », l'éponge, la couronne d'épines, les tenailles, le marteau, les trois clous.

Qui regarde ces armes, dit un vieux texte, il gagnera de vray pardon six mille ans » (4). L'oraison ou salutation aux armes de Christ, « Ad'arma Christi salutatio», commence par « Cruci, clavi, coronae spinae >>> etc.; elle assure, disent certains, trois ans d'indulgences accordés par le pape Léon à ceux qui regarderont dévotement et qui honoreront les cinq instruments de la Passion de Jésus Christ (5), chiffre qui varie suivant les auteurs. En haut INRI. En bas, la légende: « Gegeisselter und schmerzvoller Jesus auf der genanten Miss ».

**

Le reste du feuillet est couvert de formules imprimées en latin.

I. Benedicta sit sancta et individua Trinitas. Pater et

(1) Il en aurait eu 5480, selon sainte Brigide, Thiers, op. l., IV,

P. 65.

(2) Ce motif paraît souvent

sur cette catégorie d'amulettes, van Schevensteen, p. 142, 144, 145; les plaies, p. 103 sq.

(3) Sur ce thème, Mâle, L'art religieux de la fin du moyen-âge, p. 88-9.

(4) Måle, op. l., p. 97 sq.

(5) Thiers, op. l., IV, p. 64.

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2. Sanctus Deus, sanctus Fortis, sanctus Immortalis, miserere nobis.

Les initiales de cette formule ont été déjà utilisées plus haut, disposées en croix, dans la rangée médiane (no 5).

3. Jésus Christus. Rex gloriae, venit in pace. Deus homo factus est. Verbum Caro Factum Est. Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat, Christus ab omni malo nos defendat. Crux Christi salva nos. Crux † Christi protege nos. Crux † Christi defende nos ab omnibus diabolicis infestationibus, nunc et hora mortis nostrae. Amen.

Cette invocation est composée de diverses formules, dont l'usage prophylactique est ancien et fort répandu:

a) « Rex gloriae venit in pace ». On trouve cette formule sur des cloches (2), dans des oraisons recommandées par l'Enchiridion du pape Léon (3), et ceci jusqu'au XIXe siècle (4).

b) Deus homo factus est. Ce texte, extrait du Credo, n'est pas moins fréquent que le précédent, sur les amulettes, les cloches, etc. (5).

c) Verbum caro factum est. Ces mots prophylactiques appartiennent au début de l'Evangile selon Saint Jean, et ont joui d'une immense faveur (6). Nous les avons déjà rencontrés sur

(1) L'oraison à la << Sacrosanctae et individuae Trinitati >> a été condamnée par les théologiens, Thiers, op. l., IV, P. 104.

(2) Genava, III, 1925, p. 251-2, référ.

(3) Ibid., p. 252; Enchiridion, éd. 1667, p. 59, 96, 104, 114.

(4) Prière du binheureux Benoit Labre, Parfait, L'arsenal de la dévotion, p. 284.

(5) Le Blant, Revue numismatique, 1891, p. 249 sq.; 1894, p. 193; Bulletin Monumental, 1894, 59. p. 248; Mém. Acad. Inscr. et Belles Lettres, 34, 1895, p. 118; Rev. arch., 1894, II, p. 12; no 7 et Delrio, Controverses et disputes magiques, p.

p. 249-50, référ.

no 5;

1054;

Genava, III,

1925,

à ses

(6) Le Blant, Le premier chapitre de Saint Jean et la croyance vertus secrètes, Rev. arch., 1894, I, p. 8; id., Notes sur quelques formules

le verso du feuillet (no 5 c), disposés en croix; nous les retrouvons dans le fragment de l'Evangile selon Saint Jean répété plus bas (no 5). On leur attribue toutes sortes de vertus. Récités pendant les orages, ils détournent la foudre; ils préservent de la grêle; placés sur la tête du patient, ils font passer la migraine, Les sorciers et les démoniaques en ont l'effroi et ne peuvent les

prononcer.

d) Christus vincit, Christus regnat, Christus ab omni malo nos defendat. Formule aussi très usitée, depuis le xe siècle jusqu'à nos jours, dont nous avons cité ailleurs de nombreux exemples (1). Même formule avec le mot Crux à la place de Christus: << Crux vincit, Crux regnat, Crux imperat, per signum crucis libera me Domine >> (2).

e) Crux Christi protege nos, Crux Christi defende nos ab omnibus diabolicis infestationibus nunc et in hora mortis nostrae. Ces invocations à la croix protectrice et salvatrice sont nombreuses et variées. » Crux Christi salve me, Crux Christi protege me (3), Crux Christi adjuva me» (4), etc. (5).

Ces formules peuvent être employées seules ou diversement associées. On rencontre souvent des groupements analogues à celui de notre feuillet: << Deus Christus rex gloriae venit in Deus homo factus est.

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pace.
est, etc. >>

(6).

Verbum

caro

factum

« Christus rex venit in pace. Deus homo

cabalistiques, ibid., 1892, p. 55; Zickendraht, Das Iohannes Evangelium in Volksglauben und Volksbrauch, Archives suisses des trad. populaires, XXIII, 1920, p. 22 sq.; Thiers, op. l., II, p. 433 sq.; Genava, III, 1925, p. 250-1, référ.

(1) Genava, III, 1925, p. 247-9; Enchiridion, éd. 1667, p. 104, 118, 97, 60, 78; Mélusine, VI, p. 281.

(2) Croix de S. Zacharie, Arch. für Geschichte der Medizin, VIII, 1885, p. 468; Elworthy, The Evil Eye, p. 401.

(3) Enchiridion, éd. 1667, p. 88; Archiv für Geschichte der Medizin, VIII, 1885, p. 468.

(4) Enchiridion, p. 101.

(5) Ibid., p. 125, 138.

(6) Prière du bienheureux Benoit Labre, Parfait, L'arsenal de la dévotion, p. 284.

factus est qui pro nobis clementer passus est. « Christus vin

cit, etc. >> (1).

factus est >> (2). factum est >>> (3) etc.

<< Christus rex gloriae venit Deus homo

« Rex gloriae venit in pace. Verbum caro

4. Benedicto S. Vincentii Confessoris « Super aegros manus imponent, et bene habebunt. Jesus Mariae filius, mundi salus, et Dominus, meritis B. V. Mariae, sanctorum Angelorum, et Apostolorum, Martyrum, Confessorum, atque Virginum, sit tibi propitius et clemens. Amen. Dominus Jesus Christus aput (sic) te sit ut te defendat, intra (pour infra) te sit † ut te conservet, ante te sit ut te deducat, post te sit † ut te custodiat, super te sit ut te custodiat, super te sit † ut te benedicat, qui cum Patre et Spiritu sancto in unitate perfecta vivit et regnat in saecula saeculorum. Amen. »

Comme la précédente, cette oraison est composée de plusieurs formules dont chacune est efficace à elle seule.

a) Jesus Mariae filius, mundi salus. « Jesus Mariae filius, mundi salus et Dominus, sit mihi clemens et propitius

(4). On a intercalé l'invocation à la Vierge, aux saints anges, aux apôtres, aux martyrs, aux confesseurs, aux onze mille Vierges (5).

b) Dominus Jesus apud te sit, etc. « Dominus Jesus Christus apud me sit, ut me reficiat; circa me sit, ut me conservet, ante me sit, ut me ducat, etc. (6). >> La croix peut aussi remplacer le nom de Jésus. « Crux Christi sit mecum... ante me... poste me, etc. (7).

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Ce sont aussi les anges, les quatre Evangélistes qui, disposés devant, derrière, sur les côtés, forment autour de l'être humain

(1) Oraison du Pape Léon, Enchiridion, éd. 1667, p. 59.

(2) Ibid., p. 104, 114.

(3) Ibid., p. 96.

(4) Oraison du Pape Léon, Enchiridion, éd. 1667, p. 63-4; Genava, III, 1925. p. 246, sur des cloches, etc.

(5) Enchiridion, passim ; les onze mille Vierges, Thiers, op. l., II,

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