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térieur, ni surtout moderne. En réalité, les tournures de l'évangile de Mc. attribuables avec quelque vraisemblance à l'influence du latin sont très peu nombreuses. Quant à des mots comme XEYTUρίων, λογιών, δηνάριον, etc., leur présence à cette époque et en un texte de ce genre n'a rien que de normal.

Venons-en à la langue de k. Est-elle vraiment si différente du texte de la Vulgate, dont le littéralisme par rapport au grec est frappant? Il ne me semble pas.

J'ai peine à ne pas considérer comme un calque du grec ő les mots quia et quoniam, courants dans des expressions comme celles-ci: ἰδὼν δὲ ὁ Ἰησοῦς ὅτι ἐπισυντρέχει ὁ ὄχλος, et cum uideret hi(esus) quia concurrunt turbae (IX, 25), σTE TOUS πολλοὺς λέγειν ὅτι ἀπέθανεν, ita ut dicerent multi quia mortuus esset (IX, 26), àxovσas őt, cum audisset quia (X, 47), äпaves γὰρ εἶχον τὸν Ἰωάννην ὄντως ὅτι προφήτης ἦν, omnes autem sciebant iohannem quoniam profeta fuit (ΧΙ, 32), περὶ δὲ τῶν νεκρῶν, ὅτι ἐγείρονται, οὐκ ἀνέγνωτε, de mortuis autem quoniam resurgent non legistis (XII, 26). Il est vrai qu'on trouve dans la basse latinité dicere quia, scire quia, etc. Mais n'est-ce pas sous l'influence du latin de la Vulgate? Et, de toute façon, la constance avec laquelle les signifiant que sont traduits par quia ou quoniam n'est-elle pas caractéristique ?

VIII, 33, ὅτι οὐ φρονεῖς τὰ τοῦ θεοῦ ἀλλὰ τὰ τῶν ἀνθρώπων, << car tu n'as pas dans l'esprit les choses divines, mais les choses humaines », quoniam non sapis quae sunt dei set quae sunt hominum. Le sens « car tu ne sais pas ce qui est de Dieu, mais ce qui est des hommes >> ne peut convenir ici. Il semble bien que nous soyons en présence, soit d'un contresens fait sur le grec, soit plus probablement, d'un calque de povo << être dans son bon sens ».

ΙΧ, 4. καὶ ὤφθη αὐτοῖς Ηλείας σὺν Μούσῃ, καὶ ἦσαν συνλαλοῦντες To Inoo, et uisus est illis helias cum mose et fuerunt conloquentes cum hi(esu).

ΙΧ, 18, τρίζει τοὺς ὀδόντας καὶ ξηραίνεται, stridet dentes et arescit. Le dernier verbe s'est conservé en grec moderne dans

eσe Eepós « il de même sens

palveta: ?

le sens de « devenir raide »; on dit de même: est tombé raide mort ». Le latin arescit a-t-il et ne serait-il pas une traduction étymologique de ΙΧ, 21, καὶ ἐπηρώτησεν τὸν πατέρα αὐτοῦ · πόσος χρόνος ἐστὶν ὡς (var. ἐξ οὗ) τοῦτο γέγονεν αὐτῷ ; ὁ δὲ εἶπεν· ἐκ παιδιόθεν et interrogauit patrem eius quantum temporis est ex quo hoc factum est ei set dicit a pueritia. Le latin a traduit, comme d'ordinaire, dé par sed, sans se soucier du fait que ó è signifie « et celui-ci ». Remarquer aussi τοῦτο γέγονεν αὐτῷ, hoc factum est ei. IX 29. On connaît l'emploi de ev comme instrumental: ÚTTELY v pá66,« frapper d'un bâton ». Il est courant dans les Évangiles. On voit là parfois un sémitisme, ce qui n'est rien moins que sur. En effet, Mc. XIV, 1, πῶς αὐτὸν ἐν δόλῳ κρατήσαντες ἀποκτείνωσιν (Mt, XXVI, 4, δόλῳ) a pour répondant Soph., Ph. 102, vóλ, et le développement hellénique de cette tournure rend l'hypothèse d'un sémitisme assez peu vraisemblable. Me. IX 29, ἐν οὐδενὶ δύναται ἐξελθεῖν εἰ μὴ ἐν προσευχῇ (= Soph., Ph. 60, ¿v λitais), in nullo potest exire nisi in orationibus. Comparer v tive, in quo, mentionné plus haut.

εί

Les Grecs du premier siècle de notre ère sentaient encore, dans σκανδαλίζω, Ρόtymologie σκανδάλη σκανδάληθρον. << tige servant de détente à un piège, trébuchet ». On peut l'affirmer parce qu'aujourd'hui ἡ σκανδάλη, τὸ σκαντάλι (= τὸ σκανdov) signifie « gâchette de fusil »> et qu'on trouve dans les chansons populaires l'expression και σκανταλίστη (= ἐσκανδα Xison) tò xàoubí, pour dire « la cage s'est dérangée (et l'oiseau a pu s'échapper). Nous avons pris au latin de la Vulgate scandalum et scandalizare, avec le sens spécial de « troubler, porter le trouble », mais tel n'est pas le sens du mot des Évangiles. Or, que trouve-t-on dans k et ses congénères? Un mot latin signifiant << trébuchet, trébucher » ? En aucune façon: IX, 42, καὶ ὃς ἂν σκανδαλίσῃ ἕνα τῶν μικρῶν τούτων, et quicumque scandaliziauerit unum de pusillos uestros; XIV, 27, άves sxavõαπάντες σκανδα λισθήσεσθε (var. σκ. ἐν ἐμοί), omnes scandalum patiemini in me. Χ, 21, ὁ δὲ Ἰησοῦς ἐμβλέψας αὐτῷ ἠγάπησεν αὐτόν hi(esus)

autem inuitus (lire intuitus) illum dilexit illum. A ce passage, le verbe άуaл ne peut signifier << aimer ». C'est probablement << faire un geste d'amitié, de caresse ». ̓Αγαπώ a une signification analogue Hom., Od. XXIII, 214. Cf. Porph. Cerim. 17, 66, ἐκεῖσε δίδωσιν ὁ βασιλεὺς ἀγάπην τῷ τε πατριάρχη, μητροπολίταις τε καὶ ἐπισκόποις. Sophocles, Lex., qui cite ce passage avec d'autres, traduit par salutation, kiss, holy kiss. Dilexit peut-il avoir un sens analogue?

Χ, 22, στυγνάσας ἐπὶ τῷ λόγῳ τούτῳ, contristatus super illum sermonem. Χ, 24, ἐθαμβοῦντο ἐπὶ τοῖς λόγοις αὐτοῦ, admirabantur super sermonem eius.

Χ. 24, πῶς δύσκολον, quam discolum ; mais X, 23, πῶς δυoxó^ws, quam difficulter, parce que l'adverbe se prêtait moins au calque.

Χ, 43, ἀλλ' ὃς ἂν θέλῃ μέγας γενέσθαι ἐν ὑμῖν, ἔστω (var. ἔσται) ὑμῶν dáxovos, set qui uolet in uobis etse (lire esse) magnus erit uester diaconos.

ΧΙ, 1, πρὸς τὸ ὄρος τῶν ἐλαιῶν, ad montem eleon.

ΧΙΙ, 23, ἐν τῇ ἀναστάσει, τίνος αὐτῶν ἔσται, in anastasim cuius

erit?

XII, 41, yasopuλáxtov, gazosolacium (lire gazofilacium). Le fait que les dictionnaires donnent gazophylacium (Hier) ou anastasis (Lact.) ne change rien à notre argumentation. Ce sont là des mots introduits en latin par nos évangiles grecs.

ΧΙΙ, 42, ἔβαλεν λεπτὰ δύο, ὅ ἐστιν κοδράντης, misit minuta duo, quod est quadrans. Le texte grec est clair: la femme a mis dans le tronc bien peu de chose, deux centimes, correspondant à la monnaie romaine d'un quadrant. La tournure latine, si on la tient pour originale, aurait pour équivalent français: « elle y a mis vingt sous, c'est-à-dire un franc. »

XIV, γι, ὁ δὲ ἤρξατο ἀναθεματίζειν καὶ ὀμνύναι ὅτι οὐκ οἶδα τὸν ŽVAршлоν TOUTOν, tournure classique conservée en grec moderne: νὰ ὀμώσῃ πῶς δὲν ξέρω αὐτὸν τὸν ἄνθρωπο, ille coepit deuitare (lire deuotare) se et iurare quia non noui hominem istum.

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XV, 42, καὶ ἤδη ὀψίας γενομένης, ἐπεὶ ἦν παρασκευή, ὅ ἐστιν

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πporábbaτov, serum autem cum factum esset cene pure sabbati. Les mots cene pure semblent bien une mutilation de parasceue, donné par la Vulgate.

On pourrait, en entrant dans plus de détails, citer d'autres passages encore. Il me paraît hors de doute que le texte de k n'est qu'une traduction du grec. S'il y a jamais eu un original latin de Marc, ce qui reste toujours à démontrer, ce n'est certainement pas celui-là.

Hubert PERNOT.

Dans un prochain numéro la Revue publiera la réponse de M. P.-L. Couchoud à l'article ci-dessus (N. de la R.).

L'INFLUENCE AUGUSTINIENNE

DANS LA PHILOSOPHIE DE MALEBRANCHE

L'influence considérable, exercée sur Malebranche par les doctrines augustiniennes, a été signalée dans de récents travaux. Les contemporains du philosophe ne l'ignoraient pas non plus, et lui-même se plaisait à la mettre en relief. Dans le mouvement d'admiration ou de controverse suscité par son système, ses amis le louent d'avoir interprété avec exactitude la pensée d'Augustin, ses adversaires par contre l'accusent de l'avoir méconnue ou faussée. Arnauld s'indigne des déformations qu'il fait subir à la doctrine du grand Docteur, non seulement dans les sujets théologiques, mais encore dans la question des idées et de la vision en Dieu. Sur ce point les jésuites s'accorderont avec Arnauld. Dans une pièce manuscrite, adressée par les supérieurs de l'ordre au Père André, on sépare totalement saint Augustin de Malebranche (2): « Si le Père André, y lit-on, avait commencé à s'instruire des choses avant que d'en parler, il aurait reconnu que le platonisme de saint Augustin n'est point du tout le malebranchisme (3). » Plus loin, après avoir trouvé que saint Augustin insère un peu trop de platonisme dans ses ouvrages, on continue: Cependant il est très aisé de faire voir que ce platonisme n'a

(1) Arnauld, Des vrais et des fausses idées, Ch. V, XIX, XXI, XXIV. (2) Cousin, OEuvres philosophiques du P. André. Introduction p. 150 à 187.

(3) Idem, Ibidem. Introduction, p. 154.

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