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bleront devant lui et le cœur des Égyptiens fondra dans leur sein. — Je mettrai aux prises les Égyptiens entre eux, et l'un combattra avec son frère, avec son prochain, une ville avec l'autre et un royaume avec l'autre. L'esprit de l'Egypte s'évanouira et je détruirai ses plans. On consultera les dieux, les devins, les nécromanciens et les sorciers. Et je livrerai l'Égypte au pouvoir d'un souverain sévère, et un roi impérieux les gouvernera. Parole du maitre le Seigneur Sebaot (Is. XIV, 1-4).

2o des reproches, p. e. :

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Écoutez, cieux, et prête l'oreille, terre, car le Seigneur a parlé : J'avais élevé et éduqué des enfants et ils se sont révoltés contre moi. Le bœuf connaît son possesseur et l'âne la crèche de son maitre. Israël ne sait pas, mon peuple ne distingue pas. O nation pécheresse, peuple chargé de fautes, race de malfaiteurs, enfants corrompus; ils ont abandonné le Seigneur, outragé le Saint d'Israël; ils se sont rejetés en arrière. » (Is. 1, 2-4.)

3o des réflexions morales, p. e. :

actions.

Félicitez le juste de son bonheur, car il jouira du fruit de ses Appelez le méchant malheureux, car il sera traité selon ses œuvres (Is. JII, 10-11).

Le genre narratif s applique 1° à des actes symboliques, p. e:

« Et toi, fils de l'homme, prends toi une brique et tu la placeras devant toi et tu y dessineras une ville, Jérusalem.

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Tu en feras le siège et tu dresseras contre elle un rempart et tu y étendras une chaussée. Tu mettras contre elle des camps et tu placeras lout autour des béliers. Et toi, prends-toi une poèle de fer et tu la mettras comme un mur de fer entre toi et la ville; tu dirigeras ta face vers elle; elle sera investie et tu l'assiégeras; c'est un symbole pour la maison d'Israël » (Ez. IV, 1-3).

2o à des récits figurés, p. e. :

<< Et je fis paître le troupeau de boucherie pour le marchand de moutons et je me pris deux bâtons: J'appelai l'un « agrément et l'autre << liens » et je fis paître le troupeau. J'exterminai les trois pasteurs en un mois. Mon âme se dégoûta d'eux, et leur âme à eux aussi me dédaigna» (Zach. XI, 7-8).

3o à des paraboles, p. e. :

« Je veux chanter pour mon ami le chant de mon ami à sa vigne Mon ami avait une vigne dans un côteau au sol gras.

Il la bêcha, en ôta les pierres, y planta des ceps de choix ; il y båtit une tour, y tailla une cuve. I espérait qu'elle produirait des raisins; or, elle produisit des fruits sauvages » (Is. V. 1-2).

4° à des visions, p. e. :

« L'année de la mort du roi Ouzias, je vis le Seigneur siégeant sur un trône haut et élevé, et ses pans remplissaient le temple. Des séraphins se tenaient au-dessus de lui; chacun avait six ailes, dont deux lui cachaient la face, deux lui couvraient les pieds et deux lui servaient à voler. L'un appelait l'autre et disait: Saint, saint, saint est le Seigneur Sebaot, toute la terre est remplie de sa gloire. Les montants des seuils s'ébranlèrent à la voix de celui qui appelait et le temple se remplit de nuée. » (Is. V, 1-4).

5o à des récits concernant le prophète ou le peuple, p. e. :

« Les prêtres, les prophètes et tout le peuple entendirent Jérémie prononcer ces paroles dans la maison de Dieu. Et quand Jérémie eut fini de dire tout ce que le Seigneur lui avait ordonné de communiquer à tout le peuple, les prêtres, les prophètes et tout le peuple le saisirent en disant: Tu dois mourir ! Pourquoi as-tu prédit au nom du Seigneur : « Comme Silo sera le temple et la ville sera ruinée et inhabitée »? Tout le peuple s'assembla contre Jérémie dans la maison du Seigneur. Les princes de Juda apprirent ces faits. Ils montèrent du palais au temple et siègèrent à l'entrée de la porte neuve du Seigneur.» (Jér. XXVI, 7-10).

<< Au temps d'Achaz, fils de Jotam, fils d'Ouzias, roi de Juda, Resin, roi d'Aram, et Peqaḥ, fils de Remalyahou, roi d'Israël, montèrent contre Jérusalem pour l'attaquer, mais ils ne purent en triompher. On raconta à la maison de David qu'Aram s'était joint à Ephraïm et son cœur et le cœur de son peuple tremblèrent comme tremblent les arbres de la forêt sous le vent. » (Is. VII, 1-2). Enfin le genre juridique présente des consultations, p. e. :

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« Ainsi dit le Seigneur Sebaot: Interroge donc les prêtres sur ce point de doctrine: « Si quelqu'un porte de la chair consacrée dans le pan de son vêtement et touche avec ce pan du pain, du légume, du vin, de l'huile ou toute nourriture, ces objets deviendront-ils sacrés?» Les prêtres répondirent : « Non! ». - Haggay dit : « Si un homme impur touche à toutes ces choses, deviendront elles impures? Les prêtres répondirent: « Elles le deviendront. »> (Hag. II, 11-13).

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Si l'on examine, au point de vue qui nous occupe, les écrits des Prophètes, on constate que tous les récits sont rédigés en prose, y compris les visions, malgré leur style élevé. Il en est de même des consultations, tandis que les morceaux lyriques (Icuanges à Dieu, lamentations, etc) sont presque toujours en poésie. Quant aux morceaux oratoires (promesses, menaces, reproches, etc.) ils sont tantôt en vers, tantôt en prose.

D'autre part, l'emploi de la prose ou des vers varie avec les auteurs: Isaïe II est composé presque entièrement en poésie (les rares exceptions, p. e. LV, 8-11, sont, selon toute vraisemblance, des additions). Ezéchiel (y compris les élégies sur le roi de Tyr). Osée, Amos, Obadia, Jonas, Mikha, Haggay, Zacharie I, Malachie sont en prose. Isaïe 1, Jérémie, Joël, Habakouk, Zacharie II ont un caractère mixte; par exemple, Joël est en vers de I, 1 à II, 17; en prose de II, 18 à la fin.

Ces faits posent le problème suivant : comment peut-on s'expliquer qu'une partie des Prophètes soit rédigée en vers? Gunkel1 a admis que les prophètes exiliques, en particulier Jérémie, ayant affaire à un peuple très sensible à la poésie, composaient parfois des élégies ou des hymnes, dans le genre des Psaumes. Mais ce ne sont pas seulement les morceaux lyriques qui sont écrits en vers, et par prophètes on entend surtout des orateurs. Or, les orateurs n'ont pas l'habitude de parler en vers. On ne voit pas bien Démosthène ou Cicéron prononçant des discours en se conformant à la prosodie? Doit-on admettre que ces morceaux rythmés ne reproduisent pas les discours prononcés par les prophètes, mais sont des poèmes destinés à la lecture, comme les psaumes l'étaient au chant? On a émis cette opinion même pour de la simple prose, telle que celle d'Ezechiel, parce que l'ouvrage de ce prophète présente une unité plus admissible dans un livre que dans un recueil de sermons.

Toutefois on peut se demander si les prophètes ne venaient pas, à certaines occasions solennelles, prononcer des discours ayant une forme poétique. Jérémie, comme on le voit, par les chapitres VII et XXVI de son livre, venait prêcher dans le parvis du temple. Il est vrai que les discours dont il s'agit dans ces chapitres sont en

1) Die Entstehung der Psalmen (Jahrbuch für jüdische Geschichte und literatur, 1920), p. 33-34.

prose. Mais le chapitre II, qui est poétique, est introduit par les mots : «Va et tu parleras aux oreilles de Jérusalem. » Donc, tout au moins dans la pensée de ceux qui ont recueilli les écrits prophétiqnes, on récitait des poèmes. Les prophètes pouvaient déclamer des vers, comme les auteurs dramatiques grecs faisaient jouer leurs tragédies ou comédies pendant les jeux olympiques et comme le font encore nos poètes dans des cérémonies publiques.

La forme littéraire des œuvres prophétiques n'enlève rien à la sincérité des prophètes, qui certainement cherchaient à moraliser et non à se créer une réputation de gens de lettres.

Un autre indice du caractère littéraire des livres prophétiques est le suivant: On sait que tantôt le prophète parle de lui-même à la première personne, tantôt (et en dehors des titres) il est parlé du prophète à la troisième personne. Isaïe Il, Ezechiel, Habakouk, Zacharie II emploient toujours la première personne, Jonas et Haggay sont à la troisième. Enfin, dans Isaïe I, Jérémie, Osée, Amos, Zacharie I, on rencontre l'une et l'autre. Au premier abord, il semble que l'on ait d'une part des Mémoires, de l'autre des Histoires des Prophètes. Les Mémoires seraient de la main des prophètes, les Histoires auraient été rédigées par des disciples ou des écrivains quelconques. Pour Jérémie, Steuernagel a admis, en effet, que les pages à la première personne étaient authentiques, les pages à la troisième ne l'étaient pas. C'est une façon simpliste de trancher les problèmes littéraires. On n'a pas le droit absolu d'affirmer qu'un récit à la troisième personne n'est pas de la main du prophète, mais l'authenticité, ici, dépend surtout du fond. L'histoire de Jérémie, par exemple, pourrait être exacte; celle de Jonas, par contre, peut passer pour légendaire.

Mais, inversement, l'emploi de la première personne ne prouve pas nécessairement qu'on ait un mémoire rédigé par le prophète luimême, car, tout au moins dans un cas, c'est le genre littéraire qui exige l'emploi de la première personne, à savoir dans les récits de visions. Il est difficile d'expliquer que toutes les visions soient, sans exception, à la première personne (voir Isaïe I, Jérémie, Ezechiel, Amos, Zacharie I) si on n'admet pas que la règle littéraire le voulait ainsi. On peut même dire d'Ezéchiel, qui est d'un bout à l'autre à le première personne, que ce livre ne forme qu'une vision qui va de l'apparition divine dans le temple de Salomon à la reconstruction

du sanctuaire et à la réorganisation du culte. Ezéchiel est-il authentique? Nous n'avons pas à l'examiner ici; mais il est conforme à la loi du genre. On voit qu'il est nécessaire d'étudier les règles littéraires des écrits prophétiques dans leur ensemble avant d'apprécier la forme et le fond de chacun d'eux.

Nous croyons devoir signaler un troisième point concernant non plus le style, mais la composition des livres prophétiques. Quatre d'entre eux, de dimensions d'ailleurs très différentes, à savoir Isaïe I (35 chapitres), Mikka (7 chap.), Sophonie (3 chap.), Zacharie I (5 chap) présentent un arrangement similaire : 1° Exhortations au repentir; 2o châtiment des nations; 3° nouvelles exhortations; 4 prédiction d'une ère de bonheur. Il est peu vraisemblable que le hasard ait amené cette répartition parallèle. Il est plus naturel d'y voir un procédé usuel dans la disposition des recueils prophétiques, procédé qui peut avoir été suivi par l'auteur lui-même ou par un compilateur. Il y aurait lieu, en tout cas, d'étudier la manière dont sont réunies les prophéties, non pas seulement en prenant chaque auteur isolément, mais en comparant les recueils les uns aux autres. En somme, malgré les innombrables travaux consacrés aux Prophètes, il y a encore plus qu'à glaner dans l'étude de cette littérature; on y récolterait peut-être une moisson en employant des méthodes nouvelles. Nous avons essayé de montrer qu'il y a des formes usuelles et sans doute traditionnelles pour les écrits prophétiques. Il y aurait aussi à voir dans quelle mesure les idées exprimées par les prophètes leur appartiennent en propre et dans quelle mesure elles proviennent d'un fonds commun. Pour cela, il faudrait commencer par une analyse extrêmement détaillée et complète de tous les thèmes développés dans cette partie de la Bible. Les discussions critiques y trouveraient sans doute une base plus solide.

MM. Ad. Lods et Sidersky présentent différentes observations.

M. ALPHANDERY continue la lecture, commencée à la séance du 26 juin, d'un mémoire sur l'Ecole évhémériste française. Il étudie rapidement la méthode apportée par le P. Tournemine à l'examen des problèmes de mythologie.

Je crois qu'il convient de saluer le Père René-Joseph Tournemine comme un des esprits les plus loyalement désireux de savoir et de comprendre en cette époque de transition et aussi de création exceptionnelle qui embrasse le dernier tiers du XVIIe siècle et les

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