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ou coïncidence? Faut-il croire qu'une préoccupation à la fois érudite et mystique en a déterminé la genèse, puisqu'on a choisi, non pas des couleurs plus ou moins symboliques', mais des emblèmes célestes ayant un sens précis, qu'ils ont toujours eu depuis l'antiquité : éternité, puissance. Qui pourrait lutter contre de tels talismans protecteurs : Quis contra nos? Le

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poète a-t-il puisé sa documentation dans quelque grimoire, dans la superstition contemporaine? s'est-il informé auprès de quelques devineresses, qu'il aimait jadis à consulter? Peut-il cependant accorder grande créance à leurs avis, puisqu'il a contredit cette prédiction d'une Sibylle, qui le faisait mourir en 1909.?

1) Cf. le drapeau du royaume arabe du Hedjaz, créé lors de la guerre mondiale vert, blanc, noir. Le vert désigne l'ancien étendard des Alides et des Fatimites; le blanc, celui des Ommeyades; le noir celui des Abassides; une bande jaunâtre représente la dynastie hachimite du grand chérif; ainsi le drapeau royal du Hedjaz résume et symbolise par ses couleurs toutes les grandes dynasties de l'Islam arabe.

2) Ct. Voivenel, Littérature et folie, p. 388.

La vie contemporaine est un vaste champ d'études pour l'archéologue. Il ne lui est pas nécessaire de perdre sa rêverie dans le passé, puisque celui ci se retrouve dans le présent, avec ses images, ses pensées éternellement semblables, puisqu'il apparente la mentalité des hommes d'aujourd'hui, surtout quand ils sont poètes, artistes, êtres doués plus que d'autres d'imagination, de sensibilité, à celle des primitifs et des anciens, qui ont créé les mythes, les croyances, et les superstitions.

Genère, septembre 1920.

W. DEONNA.

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LA CÉLÉBRATION DU « NATALIS INVICTI »

EN ORIENT

Nous avons récemment, à propos des relations de Dusarès et de Mithra, réuni quelques témoignages sur la célébration en Orient de la fête solaire du 25 décembre, que les calendriers romains désignent comme étant le Natalis Invicti1. Nous pouvons y ajouter aujourd'hui un passage plus ancien et plus précis que celui des auteurs arabes que nous avions cités. Il se trouve dans un opuscule si peu accessible qu'on ne sera pas surpris qu'il n'ait pas été mis encore à profit le traité syriaque de Thomas d'Édesse sur la Noël, publié en 1898 dans une dissertation de doctorat présentée à l'université de Washington'.

Thomas d'Édesse fut un contemporain de Mar Aba Ier, qui devint « catholicos» des Nestoriens en 536'. Il rencontra le futur patriarche à l'école d'Édesse, où il lui apprit le grec, et il l'accompagna à Constantinople, puis à Nisibis. Son activité se place donc dans la première moitié du vi° siècle sous le règne de Justin et celui de Justinien.

Dans son opuscule qui fait partie d'un recueil de « Causes des fêtes », Thomas met la date de la Nativité en rapport avec

1) Rev. hist. des religions. 1918, II, p. 209 ss.

2) Thomae Edesseni Tractatus de Nativitate Domini nostri lesu Christi. Textum syriacum edidit, notis illustravit, latine reddidit, Simon Joseph Carr, Romae, 1898.

3) Cf. Carr. l. c. p. 7 ss.; Duval, Littérature syriaque, p. 347; cf. p. 209. 4) Cf. Baumstark, Oriens christianus, I, 1901, p. 320 ss.

celle de l'Incarnation', puis il ajoute je cite la traduction fidèle de M. Carr' « Hoc tempore dies, tempus lucis, deficit, et imminuitur usque ad horas novem, nor vero, imperium tenebrarum, longior fit et pervenit ad quindecim horas; et deinde incipit dies, regnum lucis (horas) sumere a nocte imperio tenebrarum. Après avoir donné une interprétation symbolique de ce fait, il continue: Sed et ethnici, adoratores elementorum3, festum magnum hodie ubique quotannis celebrant, hac scilicet de causa, quia incipit sol vincere, regnumque eius magis se extendere. L'écrivain nestorien adresse alors à ces païens la critique, que, s'ils fêtent le solstice d'hiver, ils devraient fêter aussi le solstice d'été, car la variation de la durée des jours et des nuits et l'alternance des saisons sont nécessaires à la vie de la nature. «Oporteret igitur ethnicos errantes festum celebrare vel in utraque mutatione vel in neutra; quia lucrum aequale ex ambolus provenit, hoc est a Deo, qui ea ita ordinavit.

Illi ergo festum celebrabant, sicut dixi, Solis scilicet, qui incipit hoc tempore superare imperium tenebrarum, et iterum deficiet. Ecclesia vero sancta celebrat festum Nativitatis Christi, solis justitiae, qui incipit superare errorem et Satanam et nunquam deficiet. Cette opposition du soleil de justice au soleil matériel des païens est fréquemment répétée chez les auteurs chrétiens, notamment à propos de la Nativité. Ce qui est plus remarquable dans les paroles de l'auteur syriaque c'est d'abord l'affirmation qu'encore de son temps, c'est-à-dire au vi° siècle, << les païens, adorateurs des éléments", célébraient chaque année une grande fête » le 25 décembre pour commémorer la victoire du Soleil. Ces païens sont non seulement les mages perses

1) Cf. Duchesne, Origines du culte chrétien, 2o éd., p. 253, et saint Augustin, Octoginta trés quaest., 56 (P. L. XL, p. 39).

2) Trad. p. 43 = syr. p. 61.

3) Le syriaque a « esṭouksê » = otoiɣɛĩa.

4) Cf. Mon, mystères de Mithra, I, p. 355 s.; cf. St Ambroise, Hexaemeron, IV, 1.

5) Cf. mes Religions orientales, 2e éd., p. 305 et p. 410 n. 14.

mais aussi les sectateurs des anciens cultes de Mésopotamie et de Syrie, restés particulièrement nombreux à Harrân (Carrhae) non loin d'Édesse. Nulle part n'apparaît d'ailleurs aussi clairement que chez Thomas l'idée que les mazdéens se faisaient de cette fête. Il était à même de bien connaître leurs croyances : Mar Aba, son collaborateur était né dans la religion de Zoroastre, qu'il s'attacha 'dans la suite à combattre. L'empire des Ténèbres, selon Thomas, est opposé à celui de la Lumière; à mesure que les nuits augmentent, il envahit le domaine de celle-ci et lui prend une à une les heures. Mais au solstice d'hiver cet empire est vaincu et obligé de reculer par le soleil invincible. Dans les expressions de l'écrivain chrétien, s'exprime encore ce dualisme des deux principes et des deux royaumes opposés, qui est le dogme fondamental de toute la religion perse.

Le recueil sur les « Causes des fêtes » contient aussi un traité de Thomas d'Édesse sur l'Épiphanie. Cet opuscule est malheureusement encore inédit, mais d'après l'analyse qu'en a publiée Baumstark', le cinquième chapitre renferme une réfutation de « la seule opinion historiquement exacte, celle de la priorité de la fête du 6 janvier et de la substitution de celle du 25 décembre à une vieille solennité païenne ». Il serait curieux d'établir qui avait exprimé cette opinion combattue par Thomas c'est probablement à cet auteur que remonte la scholie souvent citée, de Mar Salibi, ou le même rapport de succession est formellement affirmé.

1) Oriens christianus, I. c.

Fr. CUMONT.

2) Assemanı, Bibl. Or., II, p. 164; cf. Mommsen, C. I, L., I, 2, p. 338; Usener, Weihnachtsfest, 1911, p. 349.

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