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L'assemblée générale procède ensuite à l'élection du Bureau pour l'année 1921-1922 et à l'élection du tiers du Comité renouvelable aux termes de l'article 5 des statuts.

Le Bureau est ainsi constitué pour le prochain exercice :

Président M. Henri Cordier, membre de l'Institut, professeur à l'École des Langues orientales.

Vice-Présidents: M. Charles Guignebert, professeur à la Faculté des Lettres de l'Université de Paris.

M. René Dussaud, conservateur-adjoint des Musées nationaux, professeur à l'École du Louvre, directeur de la Revue de l'Histoire des Religions.

Secrétaire général : M. Paul Alphandéry, professeur à l'École des Hautes Études, directeur de la Revue de l'Histoire des Religions.

Trésorier: M. Frédéric Macler, professeur à l'École des Langues Orientales. Archiviste-bibliothécaire: M. Gédéon Huet, bibliothécaire à la Bibliothèque Nationale.

Secrétaire des Séances: M. Jean Pommier, agrégé de l'Université.

Sur la proposition de M. Guignebert, M. Ed. Pottier, président sortant, est nommé à l'unanimité président d'honneur, M. Guignebert lui exprime, en outre, les vifs remerciements de la Société Ernest Renan pour le haut appui qu'il a donné à ses débuts.

Les membres sortants du Comité sont réélus. Est élu en outre membre du Comité, M. Franz Cumont, membre de l'Institut.

La séance est levée à 6 heures.

Séance du 25 janvier 1921.

La séance est ouverte à 4 h. 1/2. M. Henri Cordier préside.

:

Présents Mes Lambert, Mélon, Wuilleumier; M Brunot, MM. Cordier, Pottier, Alphandéry, Choublier, Cumont, De Ridder, R. Dussaud, De Faye, H. Girard, P. Girard, Glotz, Goguel, Guignebert, Huet, Kindberg, Lacroix, Lafaye, Lanson, Lebègue, Lods, Macler, Masson-Oursel, Mazon, Moncel, Ort, Pommier, De Pulligny, Sidersky, Strauss, Toutain.

Lecture est donnée par le secrétaire des séances du procès-verbal de l'Assemblée générale du 27 décembre 1920, qui est adopté sans observations. Le Président prononce l'allocution suivante.

« Au début de l'année nouvelle, la Société Ernest Renan a renouvelé son bureau qu'elle a bien voulu m'appeler à présider. Ce grand honneur m'a été accordé sans aucun doute parce que je suis un de

ceux dont le nombre diminue chaque jour qui ont travaillé près du grand savant sous l'égide duquel nous nous réunissons. Mes relations avec M. Renan remontent à l'époque lointaine, où, bibliothécaire honoraire de la Société Royale Asiatique de Chang-Haï, j'établissais, sur la demande de M. Renan, l'échange de nos publications avec celles de la Société Asiatique. A mon retour en France en 1876, j'allai voir M. Renan dans son modeste appartement de la rue Vaneau, et depuis lors nos relations n'ont jamais été interrompues, J'ai conservé une gratitude particulière à M. Renan, alors secrétaire de la Société Asiatique, pour la manière si bienveillante dont il a parlé de mes premiers ouvrages dans ses Rapports annuels. Je le rencontrai aussi à ce Diner Celtique, fondé par l'infortuné Narcisse Quellien, dont la Celtique embrassant le monde entier, renfermait aussi bien des Américains et des Nègres, que des Celtes plus ou moins authentiques.

« Je compte sur votre indulgence, Messieurs, pour me faciliter la tâche que je n'ai acceptée que parce que j'avais devant moi l'exemple de notre président sortant, mon excellent confrère et ami, M. Edmond Pottier. J'espère que cette année, nous verrons terminée la Bibliographie des travaux de M. Renan, et en ma qualité d'orientaliste, je m'occuperai tout particulièrement de la publication des Rapports annuels de la Société Asiatique qui sont plus spécialement de ma compétence. »

Le Président donne lecture d'une lettre adressée au Secrétaire général 'par Sir J. G. Frazer à l'occasion de sa nomination de membre d'honneur de la Société Ernest Renan. L'illustre professeur de Cambridge assure la Société du vif intérêt et de la chaleureuse sympathie avec lesquels il suivra ses travaux,

M. FRANZ CUMONT a la parole pour une communication sur l'Immortalité astrale dans l'Antiquité, dont un résumé suit :

Des croyances répandues chez beaucoup de peuples et notamment en Syrie et en Egypte mettent la survie des esprits des morts en relation avec les astres. Mais les Grecs, qui n'accordèrent à ceux-ci qu'une place secondaire et restreinte dans leur religion anthropomorphique, ne croyaient pas primitivement que les âmes montassent vers le ciel étoilé. La doctrine de l'immortalité astrale fut propagée dans le monde hellénique par les Pythagoriciens, qui s'inspirèrent probablement de la théologie sidérale du paganisme sémitique l'âme était pour ces philosophes un principe igné descendu de l'éther et qui y remontait après le décès. Plus tard le stoïcisme et les mystères orientaux vulgarisèrent la

même conception fondamentale en lui prétant des formes diverses. Il faut distinguer l'immortalité lunaire, solaire et stellaire.

La croyance la plus répandue chez les Pythagoriciens était que les esprits des bienheureux allaient habiter la lune. C'est là que se trouvaient pour eux les Champs Élysées où se réunissaient les héros. Posidonius était d'avis que les âmes, souffles ardents, vivaient non seulement sur la planète elle-même mais dans l'air pur qui l'environne. La fréquence du symbole du croissant sur les tombeaux, particulièrement en Afrique, montre combien était populaire l'idée d'une action de la déesse lunaire sur la destinée des morts.

La doctrine de l'immortalité solaire est le fruit des spéculations scientifiques des « Chaldéens ». Lorsque ces prêtres astronomes reconnurent le rôle primordial du soleil dans notre système cosmique, ils firent de ce dieu la raison directrice du monde, créatrice des raisons individuelles qui gouvernent le microcosme humain. En même temps que l'astre resplendissant dirige les révolutions des sphères célestes, il envoie les âmes dans les corps qu'il appelle à la vie, et après la mort il les reçoit dans son sein. Ses rayons ardents sont les véhicules de ces âmes dans leur ascension vers les hauteurs du ciel.

On concilia cette théorie avec la doctrine antérieurement admise en admettant que la lune recueillait l'ombre ou simulacre (εïowλov) qui sortait du cadavre, et le dissolvait, et qu'alors la raison (Novc), ainsi clarifiée, montait vers le soleil.

་་

Cette doctrine savante ne réussit jamais à éliminer la vieille idée que les esprits des morts se transportaient au milieu des étoiles. La multitude des points lumineux de la voie lactée était formée des àmes innombrables qui s'y pressaient. Le « catastérisme », la translation dans les astres divins, devient le sort bienheureux réservé non seulement aux héros du passé mais aux hommes éminents du présent. A la fin de l'antiquité, sous l'influence de l'astrologie et des mystères de Mithra, on crut généralement que les défunts montaient vers le ciel des étoiles fixes en traversant les sphères des planètes, auxquelles ils abandonnaient les qualités et les penchants qu'ils en avaient reçu en s'abaissant vers notre monde sublunaire.

Les théologiens s'attachèrent aussi à concilier cette immortalité stellaire avec l'immortalité luni-solaire. Ils enseignèrent que suivant leur degré de pureté, les âmes s'élevaient de plus en plus haut, passant de l'atmosphère aux cercles superposés des cieux pour atteindre enfin le Dieu qui siégeait au-delà des limites du monde. Cette doctrine, adoptée par Origène, devait, dans ses traits essentiels, se perpétuer à travers le moyen âge et Dante en donna dans son poème une expression magnifique.

Après une observation présentée par M. Ch. Guignebert, la séance est levée à 5 h. 30.

Séance du 22 février 1921.

La séance est ouverte à 4 h. 1/2. M. H. Cordier préside.

Présents: Mes Lambert, Mélon, Wuilleumier, M. Brunot, MM. Cordier, Alphandéry, Choublier, Danon, De Ridder, R. Dussaud, H. Girard, P. Girard, Y.-M. Goblet, Goguel, Guignebert, Kindberg, Lacroix, Lebègue, Macler, Masson-Oursel, Moncel, Nicolardot, Ort. Pommier, Sidersky, Strauss.

Excusés MM. Barrau-Dihigo, A. Cahen, Lods.

Lecture est donnée par le Secrétaire des séances du procès-verbal de la séance du 28 janvier 1921, qui est adopté sans observations.

Le Secrétaire général tient à signaler les témoignages flatteurs de sympathie et d'estime qui parviennent à la Société Ernest Renan de la part de savants étrangers. Récemment, M. Antoine Guilland, professeur à l'École polytechnique de Zurich, qui vient de se faire recevoir membre de la Société, consacrait à notre groupe des articles des plus elogieux dans le Neue Zürcher Zeitung et dans le Journal de Genève, et M. Raphaël Petazzoni, pro'esseur à l'Université de Bologne, a fait mention du nom et de l'objet de la Société Ernest Renan dans la préface de son livre La Religion de Zoroastre dans l'histoire religieuse de l'Iran.

M. D. SIDERSKY a la parole pour une communication dont le texte suit :

Le schisme des Caraïtes

et ses conséquences littéraires.

L'apparition de la secte des Caraïtes, fondée par Anan-ben-David en 790 après J.-C., fut une secousse violente pour le Judaïsme traditionnel. La nouvelle doctrine, rejetant entièrement la « loi orale » du Talmud, pour s'en tenir strictement à la « loi écrite », soit aux termes mêmes du texte biblique, jaillit de l'opposition contre le formalisme touffu des Rabbins babyloniens. Le même phénomène se produisit simultanément dans le monde musulman et au sein du Judaïsme. De même que les Chiites, les Caraïtes rejetèrent la tradition rabbinique, à laquelle les talmudistes attribuèrent un caractère sacré, comme les Sunnites, à la « Sunna », loi orale mahométane.

Représenté par ses partisans comme un saint, Anan était vilipendé par ses adversaires. Ceux-ci lui reconnaissaient cependant un certain savoir talmudique et, de fait, il imitait parfaitement le style. du Talmud.

On ne connaît rien de certain sur l'origine même du schisme, que la légende fait dériver d'une querelle de famille. On sait seulement que les Autorités rabbiniques de cette époque, notamment les deux Gaonim, c'est-à-dire les Recteurs des Académies juives de Soura et Pombedetha (Mésopotamie), avaient usé de leur influence auprès du Khalife pour agir contre le fondateur de la secte schismatique. Anan fut obligé de quitter sa patrie et de se rendre en Palestine; profondément irrité contre les Gaonim, il tourna sa colère contre le Talmud et les Talmudistes.

Désireux de ramener la vie religieuse à l'accomplissement des seuls préceptes bibliques, Anan accusa les Talmudistes d'avoir dénaturé le Judaïsme, en ajoutant des prescriptions à la Thora et aussi en retranchant des lois obligatoires pour tous les temps. Sa principale recommandation à ses disciples était « d'étudier ardemment l'Écriture Sainte ».

Anan exposa sa doctrine dans trois ouvrages dont on n'a retrouvé que quelques fragments, et l'on est ainsi privé d'informations précises sur le caractère primitif du caraïsme. On sait seulement que, loin de diminuer les obligations religieuses, le fondateur de la nouvelle secte en aggrava, au contraire, et remit en vigueur bien des lois tombées en désuétude; il tit même usage, malgré son hostilité euvers le Talmud, des règles d'interprétation employées par les Rabbins pour déduire, comme ses adversaires, de nouvelles lois de la Bible. Ce furent surtout les lois sur les fêtes, la nourriture et le mariage, ainsi que le système du calendrier juif, qui subirent d'importantes modifications.

Anan se montra particulièrement rigoureux pour l'observation du repos sabbatique; il interdit, le samedi, d'administrer des remèdes à des malades gravement atteints; de pratiquer la circoncision; de sortir de sa maison dans une ville où les habitants juifs étaient mêlés aux habitants non-juifs; de goûter des aliments chauds; de tenir allumés du feu ou de la lumière. Il introduisit ainsi chez les Caraïtes l'habitude de rester dans l'obscurité le vendredi soir. Il aggrava aussi les lois alimentaires et ajouta de nouveaux cas à la classe des unions prohibées. Que signifiait alors, devant ces exagérations, l'abolition de quelques pratiques, telles que l'usage de mettre des phylactères, de célébrer les victoires des Asmonéens par des illuminations et quelques autres préceptes de ce genre? Dans son zèle à

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