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done rendre de grands services pour la critique des parties versifiées de la littérature hébraïque. Il nous aide de plus à mieux analyser le charme musical que la poésie de l'ancien Israël exerce sur tous les lecteurs de ces pages vénérables, mais que l'on devait se borner jusqu'ici à sentir assez confusément.

MM. Dussaud, Mayer Lambert et Sidersky présentent des observations au sujet de la communication de M. Lods.

La séance est levée à 6 heures 1/4.

Séance du 26 juin 1920.

La séance est ouverte à 4 heures et demie. M. Ed. Pottier préside. Présents M Brunot, MM. Ed. Pottier, P. Alphandéry, Barrau-Dibigo, Berr, Brunet, Contenau, Cumont, De Faye, R. Dussaud, général Frey, Gaudefroy-Demombynes, Geuthner, H. Girard, Glotz, Goguel, Guignebert, Hackin, Huet, Kindberg, Lacombe, Mayer Lambert, Lebègue, Lods, Macler, MassonOursel, Pommier, Sidersky, Strauss, Ms Tourian, J. Vienot, Vignon.

Excusés MM. P. Boyer, Choublier.

Lecture est donnée par le Secrétaire des séances du procès-verbal de la séance du 31 mai 1920, qui est adopté sans observations.

Le Secrétaire général indique brièvement où en est la préparation de la réé dition entreprise par la Société du livre de Jean Astruc Conjectures sur les mémoires originaux dont s'est servi Moïse pour composer la Genèse. La copie de l'ouvrage original est actuellement terminée Il est probable que cette réédition représentera, avec la préface que lui donnera M. Lods et la notice biographique qu'ajoutera M. Alphandéry, environ 450 pages in-12.

La parole est donnée à M. Eug. de Faye pour une communication sur la Méthode d appliquer à l'étude du gnosticisme.

Longtemps, par suite de la pénurie des documents authentiques, on a puisé dans les Pères de l'Église seulement les informations relatives au gnosticisme. On oubliait que ceux-ci étaient des témoins prévenus. A tout le moins il faut les classer en témoins renseignés comme Clément, Origène, en témoins mal éclairés et dépourvus de critique comme Irénée et enfin en témoins malveillants comme Epiphane. Des témoignages patristiques résultait une image du gnosticisme confuse et inintelligible.

A l'heure présente, maintenant que des documents gnostiques originaux faciles à dater, même à localiser, existent ainsi que bon nombre de fragments d'écrits, il convient d'appliquer à l'énigme gnostique une autre méthode.

Il faut d'abord extraire des documents originaux une image du gnosticisme, de ses tendances, de ses doctrines, et se servir ensuite de cette image pour

contrôler les données de la tradition ecclésiastique. Il en résulte une conception vivante, vraisemblable, intelligible du gnosticisme.

C'est pour avoir négligé de commencer son étude par la critique des sources que les savants et ingénieux travaux de M. Bousset sur le gnosticisme ne réussissent pas à apporter les lumières qu'on en attendait.

M. Guignebert émet, à propos de certaines sources dont M. de Faye admet l'utilisation partielle, des réserves assez étendues notamment en ce qui concerne les Pères latins.

M. P. MASSON-OURSEL présente ensuite à la Société un nouveau Manuel, ou plus exactement les premiers d'une série d'essais sur l'Histoire des religions: les deux premiers volumes des Études sur l'origine et le développement de la vie religieuse par M. Richard Kreglinger, parus à Bruxelles en 1919 et 1920.

«L'entreprise inaugurée par ces deux volumes, que d'autres suivront, représente, selon la déclaration de l'auteur, un effort d'une part pour « résoudre les problèmes relatifs aux origines, montrer notamment quelle pouvait être la base psychologique des diverses conceptions religieuses et des rites principaux, et préciser les liens rapprochant l'une de l'autre les religions successivement apparues et les étapes conduisant peu à peu des solutions naïves imaginées. par les primitifs aux conceptions profondes des religions philosophiques ; d'autre part pour étudier spécialement dans les différentes civilisations les manifestations religieuses les plus typiques, celles qui y reçurent le développement le plus complet. » (p. 3).

La méthode employée veut être à la fois descriptive et explicative descriptive en ce sens que l'on prétend mettre en relief l'originalité religieuse de chaque civilisation, indiquer les phases de chaqué évolution religieuse; — explicative en ce sens que l'on aspire à montrer sur quelle base commune se sont édifiées les diverses religions. Ainsi le caractère saillant de la religion égyptienne doit se chercher dans les doctrines relatives à la vie future et au culte du roi; mais ces doctrines seraient inintelligibles à qui méconnaîtrait qu'elles reposent sur des croyances très antérieures croyance à l'existence objective du nom, de l'image, de l'ombre. Le monothéisme d'Amenhotep IV (xIve s.), conséquence de l'unification du pays sous un même monarque, représente l'aboutissement d'un long processus, dont le stade relativement premier était le grossier ritualisme des autochtones, possesseurs du pays avant les incursions libyennes ou les infiltrations sémitiques. M. Kreglinger fait un récit

dirai-je un récit? un raisonnement

analogue pour l'interprétation des religions de l'Inde, de la Perse, de la Grèce, de Rome. Il décrit la religion des primitifs et la prend pour base de l'explication des religions évoluées; il décrit les religions évoluées et les explique en retrouvant en elles la mentalité primitive. Le fondement de tout l'ouvrage, qu'il doive a voir deux, quatre ou six volumes, est constitué par les 165 premières pages, tableau des religions primitives, que l'on définit par ces deux caractères croyance au mana, matière religieuse amorphe, impersonnelle; et croyance à l'efficacité de la magie, par laquelle le rite gouverne ou contrecarre les activités de la nature. Cette religion sans dieux, en contraste avec les panthéons etles théologies, demeure néanmoins, pense-t-on, le substrat de tous les Sinais, de tous les Olympes et de tous les dogmes métaphysiques. A l'autre pôle de la vie religieuse, il faut placer les religions évoluées, qui exaltent de grandioses personnalités divines. Celles-ci tirent leur origine des peuples qu'elles incarnent ou, si l'on préfère, qu'elles spiritualisent. Aton exprime la monarchie égyptienne unifiee par l'assimilation de tous les nomes dont les princes, décédés ou vivants, étaient dieux; le Brahman hindou est l'héritier sacerdotal de l'Indra védique, suprême idéal de chaque roitelet des tribus guerrières indo-européennes conquérantes des plaines de l'Indus et du Gange; le vou d'Aristote, dieu suprême de la culture grecque, transpose dans le monde intelligible ia souveraineté de Zeus en Thessalie parmi les Achéens; Mars, puis Jupiter furent les maîtres des tribus. indo-européennes descendues en Italie, parmi des populations qui ne connaissaient que des numina impersonnels, que désignaient des adjectifs en-us ou des substantifs d'action en -or, employés pour connoter des manières d'être ou d'agir de la nature. Toute l'intelligibilité que comporte la science des religions se réduit ainsi à jongler avec ces deux facteurs un facteur initial, condition du reste; la matière religieuse; un facteur terminal, but de l'évolution : une notion humanisée de la religion, réalisée en des dieux à l'image de l'homme.

Il serait aisé, mais peu équitable, de reprocher quelque simplisme à une œuvre qui accorde à l'hypothèse un rôle aussi vaste et qui embrasse un domaine coextensif à toute l'histoire humaine. On aurait mauvaise grâce à relever des omissions qui peuvent être volontaires; et il est bien certain que si l'auteur prétend caractériser

l'attitude religieuse propre à chaque civilisation et la connexité des diverses formes religieuses à travers leur évolution, il doit envisager les faits d'assez haut pour en obtenir une vision schématique. Encore conviendrait-il que la simplification tint à la profondeur des aperçus; mais nous craignons que souvent elle résulte plutôt du caractère sommaire de la documentation. Sans doute il deviendrait impossible à un même homme d'écrire une histoire des religions, s'il fallait, pour y réussir, réunir les compétences de nombreux spécialistes; et l'on est excusable d'avoir inégalement scruté les divers domaines dont on traite. Mais si M. Kreglinger nous apporte une étude très fouillée de la pensée égyptienne, et s'il lui a été facile de présenter, grâce à J. Darmesteter, un exposé honnête de la religion avestique, il y a par contre des sections de l'histoire religieuse où rien ne saurait suppléer une initiation technique; à cet égard il faut regretter que l'examen des religions de l'Inde se borne trop aux rudiments. L'appréciation du Brahmanisme repose presque exclusivement sur la lecture de la Bhagavad Gr'à (qu'on appelle le Baghavad Gita), qui présente en réalité un caractère plus sectaire que brahmanique. De fait, Brahmanisme et Hindouisme ne sont nulle part distingués. Au sein du Bouddhisme, la portée des deux véhicules est présentée de façon à ce point inexacte que de ces deux écoles » on appelle le Mahâyâna la moins intellectuelle ». On ignore done que là s'est développée la plus riche spéculation philosophique.

Mais la seule critique péremptoire d'un ouvrage de cette sorte est une critique de sa méthode. Cette dernière nous paraît calquée sur un procédé très usuel en d'autres ordres de science. Elle s'apparente à la logique matérialiste, en ce qu'elle cherche à expliquer le plus par le moins, le but par les conditions, en l'espèce le dogme par le rite; et aussi au matérialisme tout court, en ce qu'elle se complaît à proclamer le caractère matériel, objectivement réaliste, du sacré. Mais son matérialisme est mitigé en ce que le point de départ renferme les germes de ce qui définira le point terminal : le sacré amorphe et anonyme est déjà du divin: le protoplasme religieux est un « théoplasme ». Cette théorie du god-stuff transpose, à vrai dire, celle du mind-stuff par laquelle William James s'est flatté, en partant d'une sorte de matière spirituelle, de reconstituer l'esprit. On ne s'étonnera pas que l'Amérique du Nord, qui a tant fait pour la science des primitifs, ait inspiré, peut-être à son insu,

un théoricien désireux d'expliquer l'évolution religieuse par les cultes primitifs.

Il nous sera permis de relever le caractère peu positif d'une telle méthode. Nous n'apercevons dans l'œuvre de M. Kreglinger aucune raison de considérer les Indiens d'Amérique ou les Australiens comme des « primitifs »; nous regrettons plutôt que l'on confonde les uns et les autres, au lieu de s'attacher à les distinguer. Mais à combien d'ethnographes la même objection pourrait-elle être adressée! Combien peu reconnaissent dans la notion de primitif le dernier avatar de l'idée de commencement absolu, dont l'avantdernier était celle de génération spontanée! Nous risquerions de manquer de justice en faisant grief à un auteur de son adhésion à un préjugé que partagent la plupart de ses contemporains. Passons donc condamnation sur ce point. Mais nous avons le droit d'estimer qu'à l'inverse de la méthode suivie une progression inductive du plus connu au moins connu, de l'histoire à la préhistoire, serait moins aventureuse que la prétention d'expliquer toutes les religions par celle des Polynésiens. Nous avons le droit surtout d'examiner si la tentative d'explication qu'on nous soumet réussit ou échoue, c'est-à-dire si l'on opère effectivement, sans appel à d'autres principes ou à d'autres facteurs, le passage du point de départ au point terminus. Mais ici la bonne foi de l'auteur répond d'elle-même. Pour restituer, dans chaque domaine de l'histoire religieuse, la transition du stade pseudo-polynésien au stade historique des religions dites. « évoluées », M. Kreglinger se trouve dans la nécessité de faire intervenir un type de religion irréductible à celui du mana et de la magie rituelle la religion tribale, celle qui divinise non les forces impersonnelles de la nature, mais la puissance personnelle du chef de tribu. Le schéma de toute évolution religieuse comporte ainsi, aux yeux de l'auteur, la synthèse d'une croyance primitive, où règne le matérialisme religieux des premiers âges, et d'une foi faite de l'obéissance, de la fidélité à un maître temporel, foi qui est introduite dans le pays par une invasion d'étrangers. Les Indo Européens jouent naturellement ce rôle parmi les Méditerranéens préhelléniques, comme parmi les Dravidiens de l'Inde. Mais, le concept d'envahisseur étranger, loup tombant dans la bergerie, offre aussi peu de positivité que celui de primitif; car s'il n'y a point d'autochtone absolu, comment concevoir un étranger absolu? Il nous

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