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à la vérité (c'est-à-dire au mystère prêché par Paul) l'acquittement, puisque Dieu juge d'après cette vérité.

L'édition longue ajoute à la seconde ligne une citation d'Habacuc (II, 4): selon qu'il est écrit: Or le juste par la foi vivra; à la troisième ligne elle met de Dieu après colère; à la quatrième toute impiété au lieu de l'impiété. Ces différences ne permettent pas de déceler l'original. Mais entre la cinquième et la sixième ligne elle intercale tout un demi chapitre (I, 18-II, 1) précédé de parce que (ó).

C'est un développement de rhétorique sur l'idolatrie. (Les païens connaissent Dieu mais ils ont honoré la créature à la place du Créateur. Aussi Dieu les a livrés à la pédérastie, au sapphisme, à tous les vices). Ce hors-d'œuvre assez plat n'a pas d'accent spécialement paulinien. C'est un lieu commun de diatribe stoïcienne accommodée à la juive. Il traîne dans la Sagesse, Philon, Josèphe, les Oracles sybillins et les apologistes chrétiens comme Athenagore et le pseudo-Méliton (1). Intermède de banalités dans une strophe de haut vol.

Il est invraisemblable que Marcion, s'il a eu sous les yeux les deux pages bigarrées que nous lisons ait pu, avec son éponge et son grattoir, en tirer sept lignes fortes et nues, bien liées et bien sonnantes. Il est clair que c'est l'éditeur catholique, au contraite, qui a mis un béquet au texte pour y faire entrer un morceau passe-partout. Il a fait, semble-t-il, un contre-sens sur κατεχόντων. Α ce mot qui signifie ici tenir captive il a attribué le sens plus usuel de posséder. Il a voulu expliquer comment on pouvait dire que les hommes injustes possédaient la Vérité. C'est qu'ils connaissent Dieu, mais lui refusent leurs hommages. Tout le pieux cliché a suivi.

Il faut donc laisser (Paul n'y perdra rien) la seconde moitié du chapitre I de Romains à l'éditeur catholique. Il s'ensuit que le même éditeur a fourni la citation d'Habacuc, ajouté de Dieu

(1) Voir les références dans H. Lietzmann, Die Briefe des Apostels Paulus, I. Tübingen, 1910, p. 31.

à colère (précision antimarcionite) et substitué à l'impiété qui est un état, toute impiété qui est une succession de fautes.

2o Rom. III, 21. L'Apostolicon donne ces quatre lignes serrées :

τότε νόμος, νυνὶ δικαιοσύνη θεοῦ

διὰ πίστεως τοῦ χριστοῦ·

δικαιωθέντες οὖν ἐκ πίστεως χριστοῦ, οὐκ ἐν νόμου,
εἰρήνην ἔχωμεν πρὸς τὸν θεόν.

Jadis Loi, aujourd'hui justice de Dieu,

par foi au Christ :

justifiés donc par foi au Christ, non par Loi,

ayons la paix avec Dieu!

Le dessin est net. Jadis la Loi et l'impossibilité de s'acquitter. Aujourd'hui l'acquittement obtenu par la foi, par conséquent la paix avec Dieu.

Au lieu de ce morceau nerveux, l'édition longue a une dissertation prolixe dont voici la marche (Rom. III, 21-V, 1).

Aujourd'hui sans Loi une justice de Dieu a été manifestée, attestée par la Loi et les Prophètes,

une justice de Dieu par foi au Christ Jésus

pour tous ceux qui croient, car il n'est pas de différence. ...(Trente-quatre versets sur la foi d'Abraham)...

Justifiés donc par foi.

nous avons la paix avec Dieu...

Il est difficile de ne pas voir que cette version est un remaniement de l'autre. Elle plaide pour la Loi dans un texte qui la condamne. L'opposition franche: « jadis Loi, aujourd'hui justice » est effacée : « indépendamment de Loi, 7opisvuo, justice. » Puis cette justice de Dieu est dite attestée par la Loi même et les Prophètes. D'où il résulte que la Loi elle-même, en tant que prophétie, n'est pas détruite, mais confirmée (1). L'incidente:

A. Loisy, Les livres du Nouveau Testament. Paris, 1922, p.

102.

« attestée par... » oblige à une lourde reprise : « une justice de Dieu... » Puis il est longuement et bizarrement allégué que la justice par la foi est fondée sur un passage de la Loi ellemême concernant Abraham (Genèse XV, 6). Après quoi est rejointe la conclusion : justifiée donc par la foi », d'où sont omis les mots : « non par la Loi. »

«

D'un côté quatre lignes fermes et droites. D'autre côté trois pages tortueuses qui corrigent ces quatres lignes. Il est naturel qu'on soit passé des premières aux secondes. Des secondes aux premières, c'est invraisemblable.

30 Gal. III, 10-26. L'Apostolicon donne cette suite d'idées :

ὅσοι γὰρ ὑπὸ νόμον, ὑπὸ κατάραν εισίν...

χριστὸς ἡμᾶς ἐξηγόρασεν ἐκ τῆς κατάρας του νόμου...
ἐλάβομεν οὖν τὴν εὐλογίαν τοῦ πνεύματος διὰ τῆς πίστεως ·
πάντες γὰρ υἱοὶ θεοῦ ἐστὲ διὰ τῆς πίστεως.

Tous ceux qui sont sous la Loi sont sous une malédiction...
Le Christ nous racheta de la malédiction de la Loi...
Nous reçûmes donc la bénédiction de l'esprit, par la foi,
car lous, vous êtes fils de Dieu par la foi.

La pensée est claire. Le Christ, pendu au bois et devenu objet maudit, prit sur lui l'antique malédiction. Aussitôt nous arriva une bénédiction qui ne s'applique pas à la chair mais à l'esprit car elle consiste à devenir spirituellement fils de Dieu.

L'Apostolicon ne contenait pas d'autre idée. Il ne parlait aucunement de la bénédiction donnée à Abraham. Nous avons sur ce point l'attestation expresse de Tertullien (V, 3) et d'Origène (dans Jérome. Comm. in Gal. au passage).

L'édition longue introduit avant ce passage la bénédiction donnée à Abraham (III, 6-9). Puis elle atténue, à la première ligne « tous ceux qui sont sous la Loi, ὅσοι ὑπὸ νόμου en << tous ceux qui en sont aux curres de la Loi, ὅσοι ἐξ ἔργων νόμου. Puis elle dissocie « la bénédiction et de l'esprit. » La béné

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diction est celle qui a été donnée à Abraham; l'esprit est le Saint

Esprit dont la descente est racontée au livre des Actes. Enfin le thème de la bénédiction à Abraham est développé en onze versets, avant la conclusion.

Tous ceux qui en sont aux œuvres de la Loi sont sous une malédiction... Le Christ nous racheta de la malédiction de la Loi...

afin qu'aux gentils la bénédiction d'Abraham vint en le Christ Jésus, afin que nous reçussions la promesse de l'esprit.

...(onze versets sur la bénédiction donnée à Abraham)...

Car tous, vous êtes fils de Dieu par la foi en le Christ Jésus.

Là encore il est visible que le texte long est une amplification. La bénédiction donnée à Abraham et la promesse du Saint Esprit sont des éléments étrangers. Le texte court se suffit à lui-même. L'autre est un texte rallongé. On va facilement du premier au second, mais non du second au premier.

4ο Gal. IV, 24. Il est question des deux femmes d'Abraham : l'une esclave, l'autre libre, l'une qui a un fils selon la chair, l'autre un fils par la promesse. C'est une allégorie. Voici comment elle est expliquée dans l'Apostolicon :

ἅτινά εστιν αλληγορούμενα

αὗται φάρ εἰσιν αἱ δύο ἐπιδείξεις,

μία μὲν ἀπὸ ὄρους Σινᾶ εἰς τὴν συναγωγὴν τῶν Ἰουδαίων

κατὰ τὸν νόμον γεννῶσα εἰς δουλείαν,

ἄλλη δὲ ὑπεράνω πάσης ἀρχῆς γεννῶσα

καὶ δυνάμεως καὶ ἐξουσίας καὶ παντὸς ὀνόματος ὀνομαζομένου, οὐ μόνον ἐν τῷ αἰῶνι τουτῷ, ἀλλὰ καὶ ἐν τῷ μελλοντι,

εἰς ἣν ἐπηγγειλάμεθα ἁγίαν ἐκκλησίαν,

ἥτις ἐστὶν μήτηρ ἡμῶν.

Cela est allégorique :

ce sont les deux manifestations :

l'une qui du mont Sinaï à la Synagogue des Juifs
enfante, selon la Loi, pour l'esclavage;

l'autre qui enfante, plus haut que toute Principauté,
Vertu, Domination, que tout Nom nommé,

non seulement en cet Age-ci mais en l'Age futur,
l'Eglise sainte promise à nous,

qui est notre mère.

Et dans l'édition catholique :

Cela est allégorique :

ce sont deux alliances:

l'une qui du mont Sinaï enfante pour l'esclavage,
qui est Agar, car Agar est le mont Sinaï en Arabie;

elle correspond à la Jérusalem actuelle

car celle-là est esclave avec ses enfants;

mais la Jérusalem d'en haut est libre,
qui est notre mère.

Il suffit de comparer les deux textes pour voir que le second est une corruption du premier. Le premier oppose, sur deux plans mystiques, la Synagogue des Juifs et l'Eglise sainte. Le second prétend ménager les Juifs. Il remplace les deux manifestations (ees), radicalement différentes, par deux alliances (60×) et, à la fin, par deux Jérusalem. Il s'embrouille en voulant expliquer comment Agar, mère des Arabes païens, représente pourtant les Juifs. Finalement ce ne sont plus la Loi et la grâce qui s'opposent, ni même deux alliances, mais la Jérusalem esclave des Romains et la Jérusalem d'en haut décrite dans l'Apocalypse. La perspective est complètement gauchie.

De cette strophe si trouble il est impossible de tirer la strophe claire de l'Apostolicon. Il n'est donc pas douteux que le rédacteur de la strophe catholique a eu l'autre sous les yeux et l'a maladroitement refaite. Chose curieuse, il n'a pas laissé perdre les trois lignes: « plus haut que toute Principauté, etc. ». Il les a transportées dans Ephésiens, I, 21 et ea a fait hommage au Christ assis dans les cieux « plus haut que toute Principauté etc. » A cet endroit elles manquent dans l'Apostolicon.

5o Le dernier exemple est des plus simples.

I Cor. I. 12. Les partis qui existent à Corinthe sont ainsi

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