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Dans quelques cas, chacune des deux traductions simples se lit dans un manuscrit et l'agglomérat se constate dans un troisième. On touche alors du doigt comment il s'est fait :

XIV, 2r (filius hominis) uadit Β υπάγει D παραδίδοται W παραδίδοται ὑπάγει

X, 2 admirabantur qui sequebantur illum D καὶ ἐθαμβοῦντο Version sahidique οἱ δὲ ἀκολουθοῦντες ἐφοβοῦντο Β καὶ ἐθαμβοῦντο · οἱ δὲ ἀκολου θοῦντες ἐφοβοῦντο

XII, 44 misit totum quem habuit uictum suum W ἔβαλεν ὅλον τὸν βίον αὐτῆς. Version syriaque sinaitique πάντα ὅσα εἶχεν ἔβαλεν BD πάντα ὅσα εἶχεν ἔβαλεν, ὅλον τὸν βίον αὐτῆς.

Plus souvent un manuscrit donne une des deux traductions simples et un autre manuscrit l'agglomérat. La seconde traduction simple est à conjecturer :

VIII, 15 cauete D βλέπετε [Autre traduction : ὁρᾶτε] BW ὁρᾶτε βλέπετε IV, 39 obmutesce W φιμήθητι [Autre traduction : τιώπα] 1 σιώπα καὶ φιμόθητι Β σιώπα περίμεσο

I, 35 ante lucem W ἔννυχα [Autre traduction : πρωί] BD πρωΐ ἔννυχα λίπν

X, 3o in isto saeculo D ἐν τῷ καιρῷ τούτῳ [Autre traduction : νῦν] Β νῦν ἐν τῷ καιρῷ τούτῳ

X, 4 libellum repudii scribere Bo γράψαι [Autre traduction : δοῦναι] Ο δοῦναι γράψαι

I, 32 cum sol occidisset : Version syriaque sinaitique : ὅτε ἔδυσεν ὁ ἡλιος [Autre traduction : οψίας γενομένης BD ὀψίας δὲ γενομένης ὅτε ἔδυσεν ὁ ἥλιος

V, 23 et uiuet: Version syriaque sinaitique σωθήσεται [Autre traduction : ἵνα ζήσῃ] BD ἵνα σωθῇ καὶ ζήσῃ

I, 38 eamus ad proxima (castella) Θ ἄγωμεν εἰς τὰς ἐχομένας [Autre traduction : ἀλλαχοῦ] ΒD ἄγωμεν ἀλλαχοῦ εἰς τὰς ἐχομένας...

IV, a docebat illos dicens W ἐδίδασκεν αὐτοὺς λέγων [Autre traduction : ἔλεγεν αὐτοῖς ἐν τῇ διδαχῇ αὐτοῦ] BD ἐδίδασκεν αὐτοὺς καὶ ἔλεγεν αὐτοῖς ἐν τῇ διδαχῇ αὐτοῦ

Parfois enfin la comparaison du latin et du grec fait seule

soupçonner un agglomérat, qui peut être confondu avec une paraphrase:

XII, 41 honesti mittebant multa Β πολλοί πλούσιοι ἔβαλλον πολλά (multa lu multi dans une traduction).

II, 25 esurit BD χρείαν ἔσχεν καὶ ἐπείνασεν

XIV, 41 dormite BD καθεύδετε καὶ ἀναπάνεσθε

XIV, 61 tacebat D ἐσείγα καὶ οὐδὲν ἀπεκρίθη Β ἐσιώπα καὶ οὐκ ἀπεκρί

κατο

XIV, 68 nescio BD οὔτε οἶδα οὔτε ἐπίσταμαι

I, 45 in desertis locis BD ἔξω ἐπ ̓ ἐρήμοις τόποις

VIII, ii conquirere (signum) συνζητεῖν αὐτῷ, ζητοῦντες παρ' αὐτοῦ

XII. CLÉMENT D'ALEXANDRIE.

Les citations de Marc sont rares dans la haute antiquité chrétienne (1). Les plus instructives sont celles que fait Clément d'Alexandrie à la fin du re siècle : (2).

V, 34 uade in pace. Clément : ἄπελθε εἰς εἰρήνην BD ὕραγε θα πορεύου. Le verbe employé par Clément ne se trouve dans aucun manuscrit grec connu.

X, 22 multas diuitias et agros. Clément: Ο χρήματα πολλά (sans αγρούς) BW κτήματα D

póμxta nodλà xxi àypoús

πολλά (sans αγρούς).

Le texte de Clément est conforme au latin et ne se trouve dans aucun manuscrit grec.

XII, 30 de tota anima tua et de tota uirtute tua. Justin et Clément : ἐξ ὅλης τῆς ψυχῆς σου καὶ ἐξ ὅλης τῆς δυναμέως σου. Τous les manuscrits grecs (3) ont trois ou quatre termes. D met ś1⁄2 öàŋs tîc xapôlac

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(1) Par exemple la reconstitution du Nouveau Testament d'Irénée par W. Sanday et C. H. Turner (Old-latin Biblical texts, no VII), Oxford, 1923, comprend pages seulement pour Marc tandis que Matthieu en a 43, Luc 26, 4 Jean 16. Voir plus haut, p. 166, une citation qui prouve qu'Irénée lisait Marc latin.

(2) Voir P. M. Barnard, The biblical text of Clement of Alexandria (Texts and studies, V, 5), Cambridge, 1899 et H. C. Hoskier, Codex B and its Allies, London, 1914, I, p. 198-204.

(3) Sauf 157 (Sod. & 207) lequel a issos au lieu de duvaμéws.

700 avant âme. B intercale, de plus, é ông ty dezvolag sov entre âme et force. Justin et Clément ignorent les manuscrits grecs et vont avec le latin.

X, 25 facilius est camellum per cauernam acus introire... Clément cite quatre fois ce passage dans les Stromates (II, 5) et dans Quis dives salvetur (2, 4 et 26). Chose remarquable, il le cite quatre fois de façon différente et quatre fois en désaccord avec les manuscrits grecs. Pour rendre facilius il emploie une fois εὐχόλως, une fois ῥᾶον, deux fois θάττον : Marc grec a εὐκοπώτερον (Β) et ταχεῖον (D). Pour rendre introire per il emploie une fois διεκδύσεται, deux fois εἰσελεύσεται, une fois διελεύσεσθαι. Marc grec a διελθεῖν (B) et διελεύσεται (D). Pour acus, génitif, il emploie τρήματος : Mare grec a τρυμαλιάς (Β) et τρυμα Mido; (D)

D'après ces exemples il est clair que Clément d'Alexandrie suit le texte latin et ne connaît pas de texte grec fixé. S'il veut faire une citation de Marc, il traduit instantanément le latin, sans rechercher s'il a fait lui-même, ou s'il existe ailleurs, une autre traduction.

CONCLUSION.

L'ensemble des indices démontre que l'évangile de Marc a bien été écrit en latin, comme le disent les suscriptions. Si l'on a inséré une version grecque de Marc dans le Nouveau Testament, c'est pour la commodité d'avoir le recueil entier dans la même langue. Du Marc original il a été fait plusieurs versions grecques, superficiellement harmonisées. Il est vain de chercher à les ramener à un archétype grec. Les éditions « critiques » de Westcott-Hort, de Nestle, de Soden, dans la mesure où elles s'écartent de B, donnent de Marc un texte artificiel, qui n'a jamais existé. Il serait plus critique d'éditer séparément B, D et W, comme on édite séparément la version syriaque ancienne et la Peschitto. Il n'y a pas d'original grec de Marc. L'original est latin.

L'évangile de Marc a probablement été écrit à Rome dans la fraction de la communauté chrétienne qui parlait latin et pour

cette fraction. Les travaux de Giorgio La Piana (1) montrent l'importance croissance qu'elle a prise au cours du re siècle jusqu'à l'accession d'un de ses membres, Victor, à l'épiscopat, en 190. Au Ie siècle Hippolyte, qui parle grec, est un attardé. Le groupe latin comprenait beaucoup d'Africains. Il avait ses tendances propres. L'évangile de Marc a été son manifeste doctrinal et son livret liturgique.

Les versions grecques paraissent avoir été faites en Egypte. W se ressent du voisinage du copte. B est apparenté à la plus ancienne version copte (2). D a de mauvaises lectures qui paraissent provenir des abréviations usitées dans les papyrus égyptiens (3).

D a été transporté en Occident où il a été retraduit en latin quand on a fait une version latine de tout le Nouveau Testament. Le texte latin original ne s'est pourtant pas perdu. Il était lu par saint Cyprien. Il nous est parvenu en grande partie dans le Codex Bobiensis et le Codex Palatinus.

Deux lignes de saint Jérôme résument bien l'histoire de l'évangile de Marc«< Marc, prié à Rome par les frères, écrivit brièvement un évangile... Prenant l'évangile qu'il avait composé, il alla en Egypte. >>> (4). Est-ce l'histoire de l'auteur ? C'est en tout cas celle du livre.

Paul-Louis COUCHOUD.

(1) Il problema della chiesa latina in Roma. Rome, 1922, La successione episcopale in Roma e gli albori del primato. Rome, 1922, The Roman Church at the End of the Second Century. Harvard Theol, Review, juillet 1925.

(2) Voir W. Bousset, Textkritische Studien zum N. T., Leipzig, 189. H. C. Hoskier, Codex B, p. 79-87. (G. Horner), The coptic version of the N. T., Oxford, 1921. H. A. Sanders, The Washington manuscript of the four Gospels, New York, 1912. Introduction. Remarquer dans B et W des

mots grecs particuliers à l'Egypte comme niva (IX, 8).

(3) Voir sir Frederic G. Kenyon, Handbook to the textual criticism of the N. T. 2e éd. London, 1912, p. 96.

(1) Catalogus scriptorum ecclesiasticorum. Cité par Hoskier, I,

P.

202.

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L'ouvrage de M. Whitehead n'est pas un livre d'histoire. C'est un traité de philosophie. L'auteur essaie de préciser la fonction qu'occupe l'idée de Dieu dans le monde de nos pensées.

On sait que Renan définissait Dieu « la catégorie de l'idéal » ; telle est aussi la conception de Whitehead. Il est le principe qui dirige notre activité vers des fins qui nous dépassent. La science observe des faits; la religion s'élève au-dessus des faits pour émettre sur eux des jugements de valeur. Elle tend à réaliser ces valeurs et s'inspire alors d'un désintéressement si prononcé que le bien, acquis dans la personne et au profit d'autrui, satisfait l'homme pieux autant que si c'est dans son chef qu'il était atteint.

Source des idées, Dieu dépasse ainsi l'individu; il peut être commun à la multiplicité des êtres, et est donc, dans le monde, le lien qui unit; la conscience individuelle en nous, est universelle en lui. Sans lui, pas de monde; car sans lui chacun resterait isolé, sans rapport, sans contact avec autrui.

Tout acte posé dans le monde agit sur cette conscience cosmique qu'est Dieu, l'élargit ou la rapetisse; Dieu, dans l'avenir, sera autre que si cet acte n'était pas; en ce sens, rien ne disparaît sans laisser de traces, et tout est immortel.

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